Voyager en auberge dans la trentaine

10.05.18

Trente ans. Si on en croit la société d’aujourd’hui, c’est l’âge auquel on devrait être devenu quelqu’un. C’est de loin le nombre qui terrorise le plus les jeunes dans la vingtaine. À trente printemps, on devrait savoir où on s’en va, avoir une bonne job, une hypothèque et, évidemment, une relation sérieuse. C’est certainement pas le temps de partir découvrir le monde, sac sur le dos. Eh bien, c’est exactement ce que j’ai décidé de faire lorsque j’ai franchi le cap de la trentaine.

Quelques mois avant mon trentième anniversaire tant redouté, j’ai laissé mon chum de longue date. On avait une foule de projets ensemble, dont un voyage au Mexique, mais j’ai dû me rendre à l’évidence… entre lui et moi, ça ne marchait plus. Ça m’aura pris une fin de semaine dans un mariage pour l’admettre. Après notre séparation, je me suis sentie plus libre que jamais et, au lieu d’appréhender mon statut de célibataire et la fin de la vingtaine, j’ai plutôt décidé de vivre une 31e année inoubliable. En un an, j’ai fait trois voyages : un aux Bermudes (merci au crédit reçu pour l’annulation de notre voyage au Mexique), une fin de semaine de filles à New York et un périple de sept semaines en Amérique du Sud. Seule. J’en rêvais depuis longtemps et j’avais enfin la chance de le faire.

J’avais déjà fait ce genre de voyage avant (j’étais partie en Asie du Sud-Est au début de ma vingtaine), mais le fait de voyager seule à nouveau me stressait à mort. En ligne, j’avais lu que les touristes se faisaient souvent voler leur sac laissé sur la banquette arrière du taxi en sortant de l’aéroport. J’étais donc un tantinet anxieuse à l’idée qu’un parfait inconnu (envoyé par l’auberge) vienne me chercher à 2 h du matin.

Rester en auberge après avoir passé le cap de la trentaine, c’est un peu intimidant. On a plus l’insouciance qu’on avait dans la vingtaine. 

Mis à part les imprévus qu’implique un voyage en sol étranger, le fait de dormir dans un dortoir en auberge me rendait nerveuse. Faut dire que mon dernier voyage solo remontait à presque dix ans! Je savais que je serais plus vieille que la moyenne et qu’on me considérerait comme une vétérane. Rester en auberge après avoir passé le cap de la trentaine, c’est un peu intimidant. On a plus l’insouciance et le désir de faire la fête qu’on avait dans la vingtaine. En vacances, tes amis en couple réservent des chambres privées et ceux qui ont des enfants louent des maisons juste pour eux. Quand on voyage seul, on assume toutes les dépenses, mais ça veut pas dire qu’on peut pas voyager à petit prix, ni faire la fête ou rencontrer du monde super intéressant. Même si tout ça me stressait, j’ai vite compris ce qui m’avait tant manqué toutes ces années. On voyage pas de la même façon à trente ans qu’à vingt ans, alors voici donc quelques points clés qui pourraient t’aider.

Choisis bien ton hébergement

Si t’es un peu difficile, c’est probablement l’une des choses les plus importantes à planifier. Dans mon cas, je voulais pas dépenser trop d’argent en hébergement, mais j'avais besoin d'un minimum de confort pour réussir à dormir le soir. Il y a une panoplie d’auberges abordables, alors si tu fais bien tes recherches, tu peux trouver des endroits intéressants. Tu dois savoir que toutes les auberges se ressemblent pas. Si t’as pas envie d’être entouré de jeunes sur le party, évite de choisir une auberge qui a son propre club. Si t’as pas les moyens de dormir en chambre privée ou que tu veux rencontrer du monde, essaie de réserver une place dans un petit dortoir à 4 lits. T’as plus de chance de rencontrer d’autres voyageurs dans la trentaine. Dormir dans un dortoir à 12 lits, c’est fini pour moi.

Si tu peux, réserve tôt. Tout le monde aime les voyages spontanés, mais si tu penses aller en Europe en été, t’es mieux de pas attendre deux jours avant d’arriver. Récemment, je suis allée en Islande avec une amie et on a décidé de réserver au fur et à mesure. Ça nous laissait souvent avec une seule option, deux si on avait de la chance.

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Télécharge tes apps de rencontre préférées

Il y a quelques années, j’ai rencontré un Australien sur Tinder qui voyageait à travers le Canada et cherchait quelqu’un pour lui montrer les environs. Il était pas là pour cruiser. On est amis depuis et je l’ai même visité à Melbourne plus tôt cette année. Ça peut être plus difficile de voir du monde quand tu voyages seul. Si t’es célibataire, les applications de rencontre sont utiles pour faire la connaissance des locaux. Ils peuvent te faire découvrir leur pub, leur restaurant ou leur sentier pédestre préférés à l’écart du circuit touristique. Ça donne aussi un bon aperçu de la culture quand le temps joue contre toi. Les gens du coin en savent plus que les agences de voyages. Et si t’as envie d’une histoire d’un soir, un accent étranger, c’est toujours séduisant! Pis… qui sait, tu pourrais peut-être même trouver l’amour!

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Fais les visites à pied

La plupart des grandes villes offrent des visites à pied des sites historiques importants. Certaines sont payantes, d’autres gratuites. Les dernières sont souvent guidées par des étudiants universitaires qui connaissent bien l’histoire de la ville. Plusieurs auberges offrent aussi leur propre visite maison. Il faut généralement laisser du pourboire à la fin, mais ça revient quand même beaucoup moins cher que les visites payantes. Comme tu passes plusieurs heures avec le même groupe, c’est une façon efficace de rencontrer d’autres voyageurs solos. Repère-les et pique-leur une jasette! Si tu cherches quelque chose d’un peu différent, des visites thématiques sont offertes dans plusieurs villes. Ça te permet de découvrir des endroits moins touristiques que tu verrais pas autrement. C’est d’ailleurs en faisant une visite thématique que j’ai appris une tonne de choses sur l’art urbain et la vie nocturne à Berlin.

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Fais pas le timide et sors

Sortir seul peut être un peu intimidant… ou libérateur, c’est selon. Les femmes peuvent se préoccuper de leur sécurité, mais cela dit, j’ai passé d’excellentes soirées en sortant seule. Dans les grandes villes, plusieurs auberges organisent des virées des bars. Ça peut être assez divertissant si t’es avec le bon monde. Si tu préfères quelque chose de plus tranquille, cherche un bar ou un pub sympa. J’essaie habituellement de jaser avec le barman ou j’apporte un livre pour éviter de me sentir mal à l’aise. C’est important de savoir comment approcher les autres. La règle d’or : lâche ton téléphone. Personne n'aborde quelqu’un qui fixe un écran sans relâche. Dernièrement, en Irlande, je suis allée au pub en bas de mon auberge pour souper. Au début, j’étais un peu nerveuse, mais j’ai vite rencontré d’autres voyageurs avec qui j’ai passé la soirée à jaser. Ces soirées-là sont difficiles à prévoir… Tout ce que tu peux faire, c’est d’être ouvert!

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Visite le bon pays

Choisir le bon pays quand tu voyages solo sur un budget est très important. J’ai été chanceuse de visiter l’Islande avec une amie l’année passée. Seule, ça aurait été une autre paire de manches. Tout y est cher et il y a presque pas de transport en commun en dehors de Reykjavik. Je te recommande de réserver un voyage organisé si tu veux visiter les régions plus isolées. Fais tes recherches avant de partir et va là où tu peux te déplacer par toi-même. C’est plus facile de rencontrer des locaux ou d’autres voyageurs dans un bus public ou durant un voyage organisé. Si tu réserves un transport pour t’amener d’une ville à l’autre, tu as plus de chances de croiser des backpackers qui vont dans la même direction que toi.

La vie s’arrête pas à trente ans. Elle a pas besoin de ralentir non plus.

Il y a plein de façons d’économiser de l’argent, de rencontrer du monde et d’avoir du fun quand on voyage seul. La vie s’arrête pas à trente ans. Elle a pas besoin de ralentir non plus. C’est possible de voyager sur un budget sans faire trop de compromis. Quand on met le pied dehors, on se rend vite compte qu’on est pas seul. On trouve de tout dans les auberges : des jeunes, des vieux, même des familles!

Depuis mon périple en Amérique du Sud, j’ai visité le Mexique, l’Amérique centrale, le Portugal et l’Australie en solo. Je vas et viens depuis maintenant plus de 15 ans et j’ai remarqué que de plus en plus de célibataires voyagent seuls. Partir pour découvrir ce que le monde a à offrir est une liberté précieuse que la peur de la solitude et un budget serré devraient pas nous enlever.