Shimokitazawa ou le Tokyo hipster
Loin de la frénésie urbaine, du vacarme, des néons et des grandes chaînes de magasins du Times Square japonais appelé Shibuya, le petit quartier de Shimokitazawa se distingue par ses airs bohèmes. Voici quelques découvertes faites lors d’une journée à errer dans les rues sinueuses de ce havre branché et charmant au cœur de Tokyo.
Shimokitazawa est à Tokyo ce que Williamsburg est à New York. Dans ce quartier où foisonnent bars et restaurants, les petites boutiques de designers locaux côtoient les magasins vintage. À en juger par la sélection de gros chandails de laine aux motifs indescriptibles, voire douteux, de jeans taille haute délavés et de macarons offerte dans les boutiques Chicago et Flamingo, on se croirait en 1992. Vous vous souvenez du dream of the nineties à la fois encensé et ridiculisé par l’émission Portlandia? Eh bien, cette nonchalance des années quatre-vingt-dix flotte comme un parfum dans l’air de Shimokitazawa. Ces boutiques se trouvent respectivement au 5-32-5 Daizawa et au 2-25-12 Kitazawa.
« Shimokitazawa est à Tokyo ce que Williamsburg est à New York »
Pour se rendre à Shimokitazawa, il suffit d’emprunter le métro et de sortir à la station qui porte le même nom. En passant sous une grande arche, on entre dans un labyrinthe de petites rues où le piéton semble être le roi. Le soir, les gens y abondent, et l’ambiance ressemble à celle d’un block party perpétuel.
À quelques mètres au nord de la station, au 2-26-21 Kitazawa, le Waffle Cafe Orange sert des gaufres à la texture légère. Sa petite terrasse invitante et ses plats délicieux en font un repère de brunch tout indiqué. On y a mangé une gaufre avec fromage à la crème et coulis de bleuet ainsi qu’une gaufre coiffée d’un œuf, de bacon et d’avocat, le tout nappé d’une sauce au pesto. Double miam!
Même si le marché du café connaît actuellement un essor au Japon, il n’est pas aussi facile qu’on pourrait le croire de trouver du bon espresso à Tokyo. Direction : Bear Pond Espresso situé au 2-36-12 Kitazawa. L’endroit sans flafla et presque dénudé de tout mobilier offre un espresso digne de figurer au palmarès des meilleurs de votre vie. Il faut cependant s’y rendre avant 14 h. À cette heure, le propriétaire ferme boutique, car il estime que l’endroit devient trop achalandé en après-midi pour qu’il puisse préparer ses espressos avec toute l’attention voulue. Si l’envie d’une petite gâterie vous prend, le comptoir d’en face, N.Y. Cupcakes, offre des cupcakes et des gâteaux aussi exquis que jolis.
Pour ce qui est des restaurants pour dîner, souper ou prendre un verre, on a l’embarras du choix : ramen, pizza, yakitori, oden (genre de pot-au-feu japonais), cari et bien plus. On a opté pour un bar à vin qui s’est avéré être un bar à crevettes. On a commandé à l’aveuglette dans un menu entièrement en japonais et on était ravi de connaître tous les aliments présentés dans notre assiette! Pour accompagner le tout, rien de mieux qu’un verre de tempranillo à 600 yens, soit environ 7 $. On entend souvent dire qu’il est dispendieux de voyager au Japon. Détrompez-vous!
« On entend souvent dire qu’il est dispendieux de voyager au Japon. Détrompez-vous! »
Pour une cuisine plus typique, le yakitori est un excellent choix. Il s’agit d’un pub proposant des tapas, principalement des brochettes de viande cuites sur le grill. On en trouve partout, et si on ne peut en recommander aucune adresse, c’est parce que tout y est écrit en japonais, y compris le nom du restaurant. Si on ne souhaite pas sortir de sa zone de confort, le Don Pizza situé au 2-24-9 Kitazawa sert une pizza de 8 po sur feu de bois pour 500 yens (environ 6 $). On y a mangé une pizza jambon et œuf miroir et une pizza margarita tout simplement dé-li-cieuse. L’endroit offre aussi des bières et des shooters à 500 yens. On en ressort le sourire aux lèvres et le bedon bien rond!
Après avoir bu quelques verres, on se dirige vers Game Lasvegas pour faire l’expérience du photomaton japonais, le purikura. Vous vous êtes déjà demandé à quoi vous ressembleriez si vous étiez moitié humain, moitié personnage de manga? C’est ce que vous découvrirez en quelques minutes! On insère les pièces de monnaie dans la machine et c’est parti! Il faut sélectionner rapidement le nombre de prises, le nombre de personnes et les arrière-plans. Puis, une fois, les photos prises, on ajoute des collants, on écrit et on dessine sur les photos au moyen de stylets. Les écrans déferlent, on ignore ce qui se passe (parce que tout est en japonais) et on se retrouve avec les photos imprimées en main à ne pouvoir contenir nos fous rires à la vue de nos visages aux yeux 400 % plus grands.
« Quoi qu’il arrive, à Shimokitazawa, toutes les rues semblent mener à la meilleure des adresses »
Si le secteur industriel du Japon est synonyme d’efficacité et de fine pointe, c’est une toute autre chose pour sa topographie. Au lieu d’associer chaque rue à un nom, on a opté pour un système d’adresse en courtepointe. Par conséquent, une simple sortie du point A au point B se transforme en chasse au trésor… ou presque. Le principe est simple a priori : on attribue un nom à un ensemble de bâtisses et on donne un numéro à chacune d’entre elles. Cela explique un peu pourquoi toutes nos adresses semblent être sur la même rue… Parfois, on trouve facilement l’endroit recherché, mais souvent on revient sur nos pas, on tourne en rond et on finit par changer de plan… Quoi qu’il arrive, à Shimokitazawa, toutes les rues semblent mener à la meilleure des adresses.
Si vous cherchez un endroit où dormir pour découvrir ce quartier et d’autres perles de Tokyo, jetez un coup d’œil aux deux auberges HI qui s’y trouvent : Tokyo Central et Sumidagawa.
Crédits photos: Alva Pratt, Charles Deluvio et Oskar Krawczyk