Être payé pour cuisiner ou l’art de tirer profit de son voyage vacances-travail
C’était mon premier gâteau aux carottes. En fait, c’était mon premier gâteau tout court. Mais je commençais à désespérer : j’étais parti pour l’Australie avec juste assez d’argent pour survivre trois mois et je comptais rester plus d’un an. J’avais besoin de ce job et l’entrevue ne se passait pas du tout comme prévu. J’étais arrivé, prêt à faire bonne impression, mais le chef, lui, n’était pas là pour jaser. Il m’a plutôt laissé seul avec une seule directive : faire un gâteau aux carottes.
Article par Craig Clark
Comme voyageur, j’ai eu une panoplie d’emplois temporaires et chacun a modelé mon expérience d’une façon ou d’une autre. J’en garde aussi d’excellents souvenirs. Cela dit, la recherche d’emploi à l’étranger commence bien avant de sauter dans l’avion.
Premièrement, je devais savoir quels documents étaient nécessaires pour pouvoir travailler en toute légalité. Le simple mot « paperasse » est suffisant pour me hérisser le poil des jambes et me faire faire des cauchemars, coincé sous une pile de papiers. Heureusement, rien de tout ça n’est arrivé. Obtenir un visa de travail pour l’Australie n’a pas été si compliqué.
LE VISA
Le visa de vacances-travail est un document différent de ceux requis pour simplement visiter un nouveau pays. Il te permet de travailler légalement dans un pays tout en voyageant. Si on te prend à faire de l’argent sans le déclarer, le gouvernement peut te renvoyer chez toi, te bannir du pays et même te donner une amende de plusieurs milliers de dollars.
Et puis, il ne faut pas oublier la partie « vacances » du visa… J’avais du pays à voir!
Ce type de visa est très commun en Australie, mais il y a quelques restrictions à respecter. Il est destiné aux voyageurs qui cherchent un emploi occasionnel. Le visa te permet de travailler pour un employeur pour une période maximale de six mois. Donc, si tu cherches un emploi à long terme pour un changement de carrière, tu devrais plutôt demander la résidence temporaire ou permanente. Dans ce cas, le processus est plus long et compliqué.
Les visas de vacances-travail sont accordés aux voyageurs âgés de 18 à 30 ans et sont valides pour un an. Selon le ministère de l’Immigration d’Australie, tu dois détenir un passeport valide émis par un pays admissible, avoir l’équivalent de 5000 AUD en banque et un billet pour sortir du pays à la fin de ton séjour. Assure-toi donc d’avoir planifié ton voyage avant de faire une demande de visa. Ça se fait très rapidement sur le site du gouvernement australien et, dans mon cas, ma demande a été acceptée en moins d’une semaine.
L'EMPLOI
Quand je suis finalement arrivé en Australie, ça m’a pris un peu de temps à trouver un emploi. Le processus de recherche ressemble plutôt à celui qu’on connaît au Canada. J’ai pu postuler en ligne sur des sites d’emplois ou en me présentant en personne avec mon CV. Les deux méthodes ont été efficaces.
Quand j’ai commencé à gratter les fonds de tiroir, j’ai postulé à peu près n’importe où et quelqu’un m’a finalement texté pour me rencontrer le lendemain matin. J’ai eu à faire très peu d’entrevues et, souvent, mon CV a été à peine lu. Généralement, un gérant m’appelait et me demandait carrément quand je pouvais commencer.
Les emplois dans le secteur touristique sont souvent les plus intéressants pour ceux qui ont un visa de vacances-travail. Avant de voyager au pays des kangourous, j’ai été chef pendant plusieurs années. Peu importe où tu iras, tu verras que le roulement d’employés est très élevé et que les restaurants sont toujours à la recherche de personnel. Le secteur touristique est une mine d’or d’employés en rotation.
Pendant mon année en Australie, j’ai occupé cinq emplois. Tu me diras que c’est beaucoup, mais c’est la vie d’employé occasionnel. La plupart du temps, les entreprises touristiques cherchent des employés pour couvrir la saison haute et ne garantissent pas d’heures pendant les mois plus tranquilles. Tu cherches donc autre chose.
FAIRE ATTENTION AUX QUARTS D'ESSAI
Beaucoup d’entreprises invitent leurs futurs employés occasionnels pour un quart de travail d’essai. C’est là que l’employeur juge si l’employé potentiel a les aptitudes nécessaires pour faire le travail. J’ai fait plusieurs essais dans différents restaurants et aucun n’a été rémunéré. J’ai entendu des histoires où certains restaurants effectuent une série d’essais sans jamais embaucher qui que ce soit officiellement. Ils passent la saison haute en n’ayant payé presque personne.
Légalement, c’est un peu nébuleux. La loi australienne interdit l’abus des périodes d’essais. Fais attention. Les employeurs peuvent se servir de périodes d’essai pour évaluer tes compétences. Au-delà de ça, il n’est peut-être plus dans son droit. Si tu penses qu’un employeur abuse du temps que tu lui donnes, il pourrait être temps de partir. Voir si quelqu’un est bon barista, ce n’est pas si long que ça.
Le chef m’a fait visiter la cuisine. Sourire en coin, il m’a donné une recette de gâteau aux carottes et m’a laissé seul.
Quand j’ai rencontré l’employeur potentiel qui m’avait texté la veille, je n’étais pas certain si j’allais devoir faire un autre quart d’essai ou s’il voulait vraiment m’engager. J’ai frappé à la porte arrière de la cuisine et un petit homme à lunettes m’a ouvert. Il portait un uniforme de chef et des bottes hautes.
En entrant dans la cuisine, j’ai vu toute sorte d’ingrédients alignés sur le comptoir. Eh oui, c’était un essai. J’anticipais déjà devoir poursuivre ma recherche d’emploi en sortant de là.
J’étais à peine rentré chez moi quand le chef m’a appelé pour me demander si je pouvais retourner au restaurant le soir même pour le quart du souper. Désespéré, j’y suis retourné. Au bout de quelques heures, le rush a commencé à passer. Le chef m’a appelé et m’a tendu un chèque accompagné d’un morceau du gâteau qui m’a permis de poursuivre mon aventure. On dirait bien que je ne suis pas mauvais pâtissier!