8 leçons inattendues acquises en apprenant une deuxième langue

15.09.23

Je ne peux pas oublier la première fois que j'ai été immergée dans une langue qui n'était pas la mienne. J'avais 24 ans et j'étais en vacances dans une ville du nord du Brésil. À part pouvoir dire "bonjour", "merci" et commander une bière sur les rives brûlantes de la plage Boa Viagem de Recife, je ne connaissais pas le portugais. Les mots que mon amie - une locale - prononçait sortaient de sa bouche au rythme le plus fantastique. J'enviais la façon dont elle passait du portugais à l'anglais avec une telle facilité.

La fois suivante où j'ai vécu cette expérience, j'étais en Colombie. Sur l'île caribéenne de San Andres, mon ami (une autre personne) a dirigé notre chauffeur de taxi à travers les rues étroites de l'île. Nous étions perdus. Sans son espagnol, j'aurais moi-même été sans espoir. Dans les rues exiguës où les habitants affluaient des bars, elle bavardait, riait et traduisait. Je me suis dit que l'espagnol sonnait plus riche que le goût du café colombien. La rime des mots et la façon dont les conversations prenaient une sorte de mélodie... Pour moi, une fille anglophone de l'Ontario, c'était comme découvrir une nouvelle chanson et je voulais apprendre les paroles.


Quelques années plus tard, j'ai fait le saut.

Je parle maintenant l'espagnol (pas tout à fait couramment, mais j'ai l'intention d'y arriver). Il est très important d'avoir une deuxième langue, du moins pour moi et pour de nombreux voyageurs curieux de converser avec des gens du monde entier. J'ai commencé à apprendre la langue il y a cinq ans. Je m'attendais à apprendre des verbes, du vocabulaire, des expressions locales rigolotes et des tournures de phrases qui ne se traduisent pas tout à fait en anglais, bien sûr. Ce que je n'avais pas réalisé, c'est que l'apprentissage d'une autre langue apporte tellement d'autres leçons. Voici huit choses que j'ai apprises.

1. Ne te prends pas trop au sérieux.

Lorsque tu apprends une autre langue, tu ne peux pas te prendre trop au sérieux... même si tu essaies. Il vaut mieux avoir le sens de l'humour dès le début. Tu vas te tromper. Tu oublieras les mots que tu viens d'apprendre. Tu diras quelque chose de totalement bizarre même si tu voulais dire autre chose. Tu auras aussi ces moments gênants où tout ce que tu pourras faire sera de sourire et de hocher la tête. J'ai toujours l'impression d'être la fille étrangère qui a une patate dans la bouche, qui prononce mal quelque chose, qui mélange des mots vraiment clés et qui modifie donc de façon impressionnante ce que j'avais l'intention de dire. Je glisse de l'argot d'une région dans une autre où les locaux ne savent pas de quoi je parle. Une fois, j'ai dit à une date que je rentrais chez moi parce que j'étais "casada", mariée. Ce que je voulais dire, c'était "cansada", fatiguée. Je ris encore de voir à quel point c'est malheureusement hilarant. Au moins, ce genre de choses donne lieu à une histoire drôle, n'est-ce pas ?

2. Aie de la compassion pour les personnes qui apprennent *ta* langue et ta *culture.

S'engager à apprendre (et à mémoriser) littéralement tous les mots est déjà difficile. Ajoute à cela le fait que toutes les personnes qui t'entourent sont déjà des locuteurs natifs. C'est une situation extrêmement vulnérable. En la vivant, tu te sens compatissant envers les autres qui font la même chose dans des circonstances beaucoup plus difficiles. J'ai le plus grand respect pour les gens qui viennent au Canada pour travailler, étudier, élever une famille et apprendre l'anglais en même temps. Il en va de même pour ceux qui voyagent dans des régions du monde où les habitants n'ont pas la gentillesse d'essayer de parler leur langue ou d'être patients pendant qu'ils assemblent les mots. Nous devons tous commencer quelque part et j'ai eu la vie facile en comparaison. Nous soulignons souvent les avantages qu'il y a à explorer de nouvelles cultures, mais parlons aussi du respect que nous devons à ceux qui le font.

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3. Respecte les processus lents et ne les abandonne pas.

Apprendre une autre langue est un processus plus lent que les retards de vol qui font maintenant partie de notre réalité. (En tout cas, pour moi. J'ai tellement d'admiration pour ceux qui absorbent les langues comme une éponge). J'ai appris à respecter le processus et à y croire. Parler au moins deux langues rend les voyages plus faciles et plus riches. Au Canada, un pays bilingue, je pense que nous devrions tous pouvoir converser dans les deux langues officielles de notre pays et donc être familiers avec le processus qui consiste à passer de débutant, à élémentaire, à fonctionnel, à conversationnel et à courant. En l'état actuel des choses, j'ai un niveau de français de 12e année, ce qui est plus pratique en classe qu'à l'oral. En apprenant l'espagnol dans un pays hispanophone, j'ai appris que le processus demande beaucoup (et je dis bien BEAUCOUP) d'efforts. Mais les choses difficiles valent la peine qu'on s'y attache. Petit à petit, cela devient plus facile. C'est tellement gratifiant de voir tout le chemin que j'ai parcouru. Cela m'a permis d'entrer en contact avec des personnes d'au moins six pays. Certaines choses prennent du temps.

4. Fais confiance aux autres.

Une grande partie de la conversation sur les voyages regorge d'avertissements, de conseils de sécurité et de précautions. Comment voyager en solo. Comment protéger tes affaires. Conseils pour les femmes qui voyagent. Ces conseils sont tout à fait justifiés et ont leur place. Une autre perspective, que j'ai acquise en apprenant une autre langue, est qu'il y a tant de bonnes personnes qui vous encouragent, apprécient vos efforts et veulent vous aider. Lorsqu'il s'agit de barrières linguistiques, la gentillesse des étrangers est d'autant plus précieuse que tu n'es pas dans ton élément. J'aimerais avoir assez de place ici pour énumérer toutes les fois où quelqu'un a eu la patience de se répéter, de m'expliquer quelque chose d'une manière différente, de parler lentement ou de me proposer de traduire. Parfois, il y a un sourire de surprise agréable quand je commence à parler. Si je trébuche ou si je fais une pause, c'est toujours : "Oui, tu as compris !". Les gens sont vraiment de ton côté plus que tu ne le penses. Avant de voyager, il y avait toujours des conversations articulées autour de l'inquiétude et de la peur. Je ne me rendais pas compte que le travail d'équipe et le soutien sans attache font partie de la nature humaine.

5. Célèbre les petites étapes.

Parler espagnol n'était même pas quelque chose qui était vaguement sur mon radar. Pas même un tout petit peu. Je suis canadienne d'origine irlandaise et je viens de l'Ontario. Géographiquement et culturellement, je n'ai pas été beaucoup exposée à l'espagnol ou aux cultures qui le parlent. Mais, parfois, les étapes ou les réalisations qui sont complètement inattendues sont les meilleures. C'est également le cas lorsque les voyages s'écartent de l'itinéraire ou lorsque les déplacements prennent un détour. Détends-toi face à ces surprises et accompagne-les ! C'est en tout cas ce que mon expérience m'a appris. Lorsque ton envie de voyager t'incite à apprendre une autre langue, il y a tellement de jalons sous-estimés que tu franchis en cours de route. Ta 100e conversation dans cette langue. Ta première activité sociale dans cette langue. La période où tu arrêtes de faire précéder tes interactions par "Je ne parle pas vraiment X". Les jours où tu réalises que tu n'as pas parlé ta première langue de toute la journée. Ce sont toutes de bonnes raisons de se féliciter.


6. S'engager dans de petites actions est mieux que de ne rien faire.

Je suis un vraie perfectionniste. Une perfectionniste en voie de guérison. À mon détriment. Pour moi, si je ne peux pas faire quelque chose à 110 %, je suis déçue. Combien d'expériences - voyages ou autres - les gens comme moi ratent-ils avec cet état d'esprit ? Si tu as le sens du voyage et que tu cherches à apprendre une autre langue, il est terrible d'avoir des exigences trop élevées. Tu ne parleras pas couramment une langue en quelques mois. Il n'y a pas de façon "parfaite" d'étudier ou de progresser. De plus, les perfectionnistes peuvent être hypercritiques envers eux-mêmes, de sorte que faire des erreurs ou paraître "stupide" peut être un déclencheur.

Même si la solution serait de se dépêcher de parler couramment la langue, ce n'est pas réaliste pour la plupart des personnes qui voyagent. Ummmm allo, tu viens pour explorer et faire des choses agréables pendant tes vacances ! Tu ne vas pas être en classe toute la journée et t'acharner sur les livres le soir. (À moins que tu ne sois venu spécifiquement pour un programme d'immersion et dans ce cas, Expérience internationale Canada offre des programmes qui t'aideront à le faire tout en vivant temporairement à l'étranger). J'ai appris que les petits gestes font bouger l'aiguille et s'additionnent. Je m'efforce de bavarder avec les gens de mon quartier, je fréquente uniquement des gens en espagnol, je commence les interactions en espagnol même si je sais que quelqu'un parle probablement couramment l'anglais, j'ai un groupe d'ami.e.s bilingues et j'ai rejoint un groupe de randonnée pédestre qui m'encourage à m'entraîner. Bien sûr, ce n'est pas une séance d'étude à 5 heures du matin, mais ça marche.

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7. Les autres ne jugent pas tes erreurs.

Un petit secret : tout le monde s'en fout quand tu fais une erreur. Tout le monde, littéralement, s'en fiche. En parlant spécifiquement de la langue, pas une seule âme ne juge mes conjugaisons, mes erreurs d'accent, ou les solutions de contournement quand je ne sais pas quelque chose. (Et crois-moi, cela peut devenir intéressant...) C'est vrai pour la plupart des choses, la plupart du temps. Si tu es sur la route, demande ton chemin, admets que tu n'as jamais essayé une certaine cuisine locale et pose les questions "idiotes".

8. Tu es capable d'apprendre des choses difficiles.

Les voyages sont l'un des meilleurs exemples du genre de choses qui te font sortir de ta boîte et rendent ta zone de confort de plus en plus large. Assembler petit à petit des parties d'une langue, c'est aussi comme ça. Tout d'un coup, tu réalises que tu es capable de faire ce qui est difficile. En entendant mes ami.e.s parler une langue étrangère sans accroc, j'étais en admiration. "Je ne parlerai jamais aussi couramment qu'elle". "Il faut apprendre une langue dès l'enfance, sinon c'est presque impossible". "Les personnes bilingues sont TELLEMENT intelligentes !" Je me suis dit toutes ces choses.

Cinq ans plus tard, je vois que j'ai minimisé mon propre potentiel. Nous sommes tous capables d'apprendre des choses nouvelles et difficiles. Mon ami.e, fais ce voyage en solo. Va dans cet endroit lointain dont tu as toujours rêvé. Engage-toi dans cette randonnée de plusieurs jours que tu penses ne pas être assez fort.e pour faire. Tu en es capable, crois-moi.

P.S. En écrivant ceci, je m'engage à suivre un mois d'espagnol intensif pour monter d'un cran. Tu sais, juste pour joindre le geste à la parole.

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