6 choses qui ne m’importent plus depuis que je vis à l’étranger

22.07.25

Ils disent que les voyages te transforment — et j’y crois dur comme fer. Peu importe vraiment où tu vas : voir différentes parties du monde te rend objectivement plus empathique, plus compréhensif.ve et plus ouvert.e d’esprit. Je pense aussi que voyager beaucoup (et dans mon cas, vivre à l’étranger) peut tout aussi bien changer ce que tu crois vouloir ou qui tu crois être. Et parfois, ces changements arrivent là où tu t’y attends le moins.

J’ai été une grande voyageuse pendant près de dix ans avant de m’installer en Türkiye. Je voyageais à l’international presque chaque semaine pour le travail, et quand je ne bossais pas, je réservais des vacances lentes. Quand je repense à la personne que j’étais au Canada comparée à celle que je suis aujourd’hui — une résidente d’Istanbul qui a visité cinquante pays et les sept continents — je suis bluffée par le nombre d’habitudes quotidiennes et de traits de personnalité que je croyais figés et qui ont complètement changé à mesure que je me sentais plus à l’aise à l’étranger qu’à la maison. Les choses que je considérais comme essentielles sont devenues les dernières de mes préoccupations.

Voici les plus grands trucs dont je me fiche complètement depuis que j’ai déménagé à l’étranger. Ces petits déclics ont fait de moi une meilleure voyageuse et une personne plus confiante :

Les marques dans les épiceries

Ma façon de faire l’épicerie au Canada n’a rien à voir avec celle que j’ai à l’étranger. Au Canada, je savais quelles marques ou quelles chaînes d’épicerie avaient bonne réputation ou incarnaient un certain statut. Que ce soit conscient ou pas, je me tournais souvent vers les shampoings, les produits ménagers ou les snacks bien connus, avec une forte reconnaissance de marque. Je savais, par exemple, qu’aller chez No Frills ne projetait pas du tout la même image que faire ses courses chez Whole Foods.

Quand je voyage — ou que je vis à l’étranger, comme ici à Istanbul — je n’ai pas les mêmes repères. Je vais à l’épicerie la plus proche, tout simplement, et j’ai appris plus tard que c’était l’équivalent turc de No Frills (merci au regard surpris d’un ami très aisé). Et franchement ? J’adore économiser. Je teste plein de nouvelles marques sans préjugés, et je ne me demande plus ce que dit mon savon à main sur mon statut social. C’est à la fois déroutant et super libérateur de ne pas reconnaître la majorité des marques en magasin. Ça a vraiment reset ma boussole interne quand il s’agit de suivre les choix des autres juste parce que « c’est ce que tout le monde achète chez nous ».

Les idéaux puritains

Je ne me considérais pas comme quelqu’un de très jugeant, mais voyager à l’étranger — et surtout vivre dans un pays aussi différent du mien — m’a fait réaliser que certaines de mes valeurs canadiennes frôlaient les idéaux puritains par rapport à ce qui est considéré comme normal à Istanbul (et ailleurs). J’étais une vraie enfant sage : toujours à suivre les règles, un peu naïve même. Mais en voyage ? Mes idéaux un peu coincés ont tranquillement pris le bord, à mesure que je m’ouvrais à d’autres façons de vivre.

Je me souviendrai toujours de la première fois que j’ai rencontré les ami.e.s de mon ex dans un bar. On a passé toute la soirée à enchaîner les bières, chacune accompagnée d’une cigarette. Le « patio » mal éclairé ressemblait plus à une pièce avec une lucarne qu’à une vraie terrasse, mais on pouvait encore y fumer. Au Canada, j’avais l’habitude de cacher les cigarettes de ma grand-mère pour qu’elle arrête. Vivre à Istanbul et voyager à Tokyo ou dans les Balkans m’a forcée à lâcher prise sur certains « vices » que je jugeais avant. J’ai fini par juste suivre le courant, même si ça allait à l’encontre de mon idéologie un peu innocente de l’époque.

Mon malaise social

Au Canada, je suis timide et réservée. Jamais je n’irais à un événement de réseautage ou un apéro social, de peur de finir en plante verte dans un coin. Jamais je ne lancerais une conversation avec un.e inconnu.e ou ne rencontrerais quelqu’un via une appli juste pour voir s’il y a une connexion possible. Je me décrivais comme ultra anxieuse socialement. Mais à l’étranger ? Pas le choix d’être timide ou réservée si tu veux te créer une communauté ou rencontrer des potes de voyage.

Si j’avais laissé mon étiquette d’anxieuse sociale me définir à l’étranger, j’aurais jamais rencontré mes deux meilleur.e.s ami.e.s à Istanbul — elles m’ont écrit sur les réseaux après avoir lu certains de mes articles sur la Türkiye. Je n’aurais jamais rencontré mon partenaire actuel non plus : je l’ai croisé par hasard à un open mic auquel j’étais allée… toute seule. J’ai des dizaines d’ami.e.s aux quatre coins du monde, rencontré.e.s simplement parce que j’étais ouverte à faire des rencontres en voyage. Et plusieurs de ces amitiés sont bien plus profondes que celles que j’ai pu avoir dans mon pays d’origine.

Je suis tellement reconnaissante d’avoir osé sortir de ma coquille à l’étranger. Si j’avais laissé mes anciennes étiquettes définir qui je suis, voyager et vivre à l’étranger aurait été vachement plus solitaire.

Cocher des pays sur une bucket list

Beaucoup de voyageur.euse.s ont une bucket list à cocher avec les noms de tous les pays qu’ils ou elles ont visités. Moi aussi. Je connais plein de gens qui affichent leur nombre de pays visités dans leur bio Insta comme un insigne d’honneur. Mais vivre à l’étranger — et visiter plus de cinquante pays pour le boulot et le plaisir — m’a fait réaliser que prendre son temps pour vraiment découvrir une culture vaut mille fois plus que d’enchaîner les destinations.

Quand j’ai déménagé en Türkiye, je m’imaginais faire des mini-trips de deux jours chaque semaine pour cocher tous les pays des Balkans, du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord que je n’avais pas encore visités. Vu la proximité géographique et les vols pas chers, ça semblait évident. Mais honnêtement ? J’ai découvert que rester au même endroit et apprendre à connaître la culture turque en profondeur, c’est bien plus satisfaisant que des escapades en mode touriste dans les vieilles villes des pays voisins.

L’anxiété linguistique

J’ai grandi au Canada — donc évidemment, j’ai commencé à apprendre le français vers neuf ou dix ans. J’ai fait mon secondaire en immersion française et j’ai vécu 12 ans à Montréal. J’ai eu un chum québécois et un faible pour Paris (que j’ai visitée plus d’une douzaine de fois en cinq ans). Je devrais parler un français magnifique. Mais quand tu vis ou voyages dans des endroits où presque tous les francophones parlent un meilleur anglais que ton français… ben c’est dur de se pousser à parler, même quand t’adores la langue.

J’ai lutté pendant des années avec ce que j’appelle mon « anxiété linguistique », jusqu’à mon déménagement en Türkiye, où c’est quand même rare de croiser quelqu’un qui parle couramment anglais. Dans mon quotidien, il n’y avait plus de place pour cette anxiété : c’était parler turc (même mal)… ou ne pas parler du tout. J’ai pris des cours presque dès mon arrivée à Istanbul et aujourd’hui je parle turc à un niveau B1 — mais pas juste sur papier comme avec le français. Vivre quelque part où les gens sont vraiment touché.e.s que tu fasses l’effort de parler leur langue ? Ça change tout. J’apprends plus vite, je prends plus de risques, et je connecte avec les gens dans leur langue.

Et ce genre d’« exposition forcée » m’a aussi aidée à débloquer mon français. J’ai rejoint un club de français ici à Istanbul, où je pratique régulièrement. J’ai voyagé au Maroc et j’y ai eu une super conversation avec un Berbère qui ne parlait que français et arabe. Vivre dans un pays où l’anglais n’est pas dominant a été la meilleure chose pour moi, côté langues. Aujourd’hui, j’ai plus peur de faire des erreurs ou d’avoir un accent trop anglais.

Faire des choses juste pour les réseaux sociaux

Voyager, ça fait bien sur les réseaux. J’ai honte de l’admettre, mais je suis déjà allée dans certains restos ou lieux touristiques juste pour la photo, pour la validation. J’ai parfois l’impression que je faisais tout ça uniquement pour les likes… parce que je n’avais pas assez de validation intérieure — ou peut-être pas assez de bonheur, tout court.

Mais vivre à l’étranger et apprendre à exister dans une culture complètement différente de la mienne, ça m’a fait grandir comme jamais. J’ai appris à me faire confiance, à suivre mon instinct comme je ne l’avais jamais fait au Canada. Je ne ressens plus le besoin d’impressionner des inconnu.e.s sur les réseaux quand je suis occupée à construire une vie belle et riche… pour moi. Et franchement, c’est la première fois que je me laisse vraiment guider par ce qui me rend heureuse.

Je me demande souvent : est-ce que je ferais encore cette chose-là si je ne pouvais pas la poster ou en parler à part à mes proches ? Si la réponse est non, je laisse tomber. Et je cherche autre chose — quelque chose qui me comble, moi, et personne d’autre.

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