Hoi An, le paradis du sur mesure

25.11.18

La première chose que j’ai apprise en entrant dans une boutique de tailleur au Vietnam, c’est que j’allais devoir laisser la gêne de côté. Non seulement les cabines d’essayage privées sont inexistantes, mais on n’hésite pas non plus à te tirailler pour prendre tes mesures. Ça n’a pas été long que j’ai fait faire tous les vêtements dont je rêvais à un prix qui ferait mourir d’envie les voyageurs les plus économes. Voici comment ça s’est passé.

Hoi An est LA place où aller au Vietnam (ou plutôt en Asie du Sud-Est) pour faire faire l’habit de tes rêves sur mesure. Les tailleurs s’arrachent les dollars et les đồngs des touristes ébahis, les attirant dans leur boutique où plusieurs vivront leur première expérience de confection sur mesure. Un luxe que bien peu peuvent s’offrir à la maison.

Je n’ai pas eu à chercher trop longtemps pour trouver une boutique de tailleur à Hoi An. Elles sont incrustées par centaines dans cette petite ville où il fait bon marcher, des entreprises familiales aux boutiques modernes brillamment éclairées avec mannequins et présentoirs sophistiqués. Dans l’une d’elles, une photo encadrée d’Harrison Ford accrochée au mur. Impossible de dire si ce fut un client ou s’il servait uniquement de décoration.

Hoi An, Vietnam

Après un café vietnamien bien corsé, j’ai passé la matinée à visiter différentes boutiques et à discuter avec les tailleurs pour comparer les styles, les prix, les tissus et les matériaux. Suivant les conseils d’autres voyageurs qui avaient déjà vécu l’expérience, j’avais assemblé une collection de photos Pinterest dans mon téléphone pour m’inspirer.

« Bespoke », un terme anglais chic pour parler de vêtements conçus sur mesure, semblait être le mot par excellence dans toutes les publicités. Partout — dans les boutiques, sur les flyers et sur les sites Web —, on s’en servait pour décrire l’expérience, une boutique ou pour annoncer des habits à rabais. Ailleurs, on faisait allusion à « couture clothing » et « superior quality ».

Toutes les visites commençaient de la même façon : je regardais les nombreux rouleaux de tissu empilés jusqu’au plafond à la recherche d’un motif original. Il y avait tant d’options!

Je montrais une photo d’un jumpsuit de Club Monaco, d’une robe structurée aux épaules dénudées de Ted Backer ou d’une robe de soirée. Je leur brandissais mon téléphone pour qu’ils voient les différentes photos. « Pouvez-vous faire ça? » « Combien ça va coûter? »

« Pouvez-vous faire ça? » « Combien ça va coûter? »

J’ai feuilleté un album de photos d’icônes de la mode et de célébrités pour me donner une idée des tendances. On m’a montré des photos de jumpsuits, d’habits plus formels, de jupes trapèzes, de hauts aux épaules dénudées, de robes à dentelle et de robes longues. L’album était aussi épais qu’un recueil de notes d’université. Pour inspirer les hommes, il y avait des photos en couleur de Ryan Gosling, de David Beckham et d’Harry Styles, plus beaux que jamais dans leur habit bien ajusté.

En parlant avec les vendeurs, j’ai appris que les jumpsuits étaient la coqueluche des touristes et que la qualité du coton utilisé aurait un impact sur le prix. La robe de soirée que je voulais était faite de chiffon et incluait une doublure de soie, qui était plus chère. J’ai aussi appris que des tissus plus rigides donneraient la structure et l’apparence luxueuse à la robe Ted Baker.

Après avoir passé la matinée à me promener dans les rues d’Hoi An, j’ai fini dans la boutique que l’on m’avait recommandée au petit hôtel où je logeais.

Vêtements sur mesure à Hoi An, Vietnam

Je savais enfin exactement ce que je voulais et j’avais une idée du prix que j’allais payer. Peace Tailor était une boutique de gamme moyenne et la vendeuse semblait professionnelle et expérimentée. Mon hôte m’avait recommandé cet endroit parce qu’il appartenait à sa sœur. J’ai choisi les tissus, les motifs et les couleurs dans un album d’échantillons et, comme il y avait du wi-fi gratuit, j’ai envoyé mes photos Pinterest par courriel à la boutique.

Après avoir payé par carte de crédit le montant de 250 $ pour trois morceaux, la dame a commencé à prendre mes mesures… En plein milieu de la boutique. Les autres touristes présents me jetaient des regards furtifs, trop polis pour me dévisager, mais trop curieux pour m’ignorer. Vite, mais efficace, la couturière m’a fait tourner sur moi-même, prenant au moins 20 mesures différentes : la largeur de mes épaules, le tour de mon buste, la longueur de mes bras, mon tour de hanche, etc. Des mouvements qu’elle avait dû répéter des milliers de fois auparavant. C’était pas le temps de me rentrer la bedaine. Je n’avais pas envie que mes vêtements me pètent sur le dos. Elle a noté les mesures sur un cahier et m’a demandé de revenir le lendemain.

Moins de 24 heures plus tard, j’étais de retour pour un premier essayage. Pour un commerce dont le style est la principale raison d’être, la cabine d’essayage était loin d’être chic. L’endroit était propre et modeste, mais le plancher stratifié était de mauvaise qualité et l’éclairage fluorescent me donnaient un éclat peu flatteur.

J’étais très impressionnée par les trois morceaux. Ils étaient exactement comme je les avais imaginés.

Heureusement, j’étais très impressionnée par les trois morceaux. Ils étaient exactement comme je les avais imaginés. La robe de chiffon était légère et la doublure de soie était douce et fraîche sur ma peau. Le jumpsuit était très simple, mais très classe, et il était difficile de dire que la robe Ted Baker était une imitation. La couturière a fait quelques ajustements mineurs et, après deux autres petites visites, je repartais avec mes nouveaux vêtements.

Il va sans dire que j’étais vraiment contente de mes nouveaux morceaux, mais la partie la plus excitante était sans doute le processus de magasinage dans les rues pittoresques d’Hoi An. Traversée par une rivière bordée de restaurants, la ville peut facilement être parcourue à vélo ou à pied… Et elle est adorable avec ses petits cafés et ses lanternes colorées! Vraiment, c’est une excellente destination où relaxer pour quelques jours.

Tu dois savoir que les tailleurs vietnamiens, comme tous les tailleurs du monde, ne lisent pas les pensées et ne font pas de miracles. En fin de compte, c’est à toi de choisir un style qui te convient. Ce n’est pas parce qu’un vêtement paraît bien sur quelqu’un qu’il t’ira à merveille, même s’il est fait sur mesure.

Faire confectionner des vêtements dans une boutique de tailleur à Hoi An est une expérience unique à vivre au Vietnam. Tu repartiras avec des souvenirs extraordinaires, dans ton esprit comme dans ta valise. Chaque fois que je porte un de mes trois morceaux, je me rappelle mon périple et c’est l’occasion parfaite de raconter l'une de mes plus belles histoires de voyage.

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