Cinq arnaques auxquelles j’ai toujours échappé et celle que je n’ai su éviter
En changeant mon style de voyage, passant des gros hôtels au bord de la mer aux aventures dans les plus grandes villes et dans les pays en développement, j’ai commencé à recevoir de plus en plus de mises en garde. Mes amis, les membres de ma famille, des connaissances et même parfois de parfaits inconnus sur Internet… Tous m’ont averti des dangers et des arnaques en voyage. Quand j’ai commencé à voyager seule, la pluie d’avertissements a redoublé.
Avec le temps, je suis devenue une voyageuse plutôt expérimentée. Je parcours quatre, cinq et même six continents par année, souvent par moi-même. Même s’il existe pas mal d’arnaques un peu partout, la plupart sont assez faciles à éviter si tu es conscient de leur existence et que tu portes attention à ce qui se passe autour de toi.
Grâce à cet article, tu apprendras aussi à les voir venir… Et ça pourrait diminuer la quantité d’avertissements que tu vas recevoir de ta famille et de tes amis bien intentionnés. Voici les cinq principaux types d’arnaques desquels chaque voyageur devrait se méfier… Incluant celle à laquelle je n’ai pas su échapper.
1. L’arnaque du lait
Un enfant s’approche de toi. Il a peut-être un bébé dans les bras et il te dit : « Peux-tu acheter du lait pour ma sœur? Elle a faim. » L’enfant t’explique qu’il ne veut pas d’argent, seulement de la nourriture pour le bébé, et il pointe un magasin tout près. Tu marches avec l’enfant jusqu’au magasin, tu achètes du lait et tu penses que tu as bien fait de ne pas lui donner d’argent. C’est là que tu fais erreur.
Tu te rends compte de ce qui se passe ensuite seulement si tu sais où porter ton attention. Une fois que le bon samaritain est parti, l’enfant retourne au magasin et revend le lait au commis du magasin. Le commis garde une part, le cartel qui organise l’arnaque garde une part et l’enfant se fait quelques sous. L’enfant retourne acheter du lait aussitôt qu’il trouve un autre gentil touriste.
"Ceux qui retirent le plus de profit sont le commis et le cartel. Il y a plein de perdants."
Cette arnaque prend différentes formes, mais normalement, c’est un enfant ou une jeune mère qui demande de la nourriture ou un livre. Souvent, le bébé est loué d’une autre famille pour quelques sous. Ça arrive même qu’ils choisissent intentionnellement des enfants handicapés pour soutirer plus d’argent aux étrangers attendris.
Ceux qui retirent le plus de profit sont le commis et le cartel. Il y a plein de perdants. Toi, une fois que tu réalises que tu t’es fait avoir. Les parents de l’enfant, qui pensent que les quelques sous gagnés par l’enfant ont plus de valeur que d’envoyer leur progéniture à l’école. L’enfant, qui n’a pas accès à l’éducation, qui perd son enfance et qui apprend les mauvaises leçons très tôt. Et la communauté en général… Quel genre d’adulte fera l’enfant qui n’est pas allé à l’école, qui a appris à profiter des touristes et qui croit qu’il n’y a rien de mal à arnaquer les autres?
Chaque transaction qui implique un enfant met l’enfant, la société future et la culture à risque. Comme le dit l’Organisation internationale du Travail : « Le travail des enfants constitue une violation des droits fondamentaux de l’homme et il est démontré qu’il freine leur développement ». Si les enfants, leurs parents, les propriétaires d’entreprises, les cartels, les orphelinats et le gouvernement croient que le travail des enfants est rentable — et si les touristes y contribuent avec leur argent — ça ne s’arrêtera pas. Même un cadeau donné par un touriste enseigne à l’enfant qu’il peut compter sur eux pour quêter en plus de dévaloriser une récompense durement gagnée.
La place des enfants est à l’école. Ils devraient étudier, jouer, passer du temps avec leur famille et dormir. Ne les encourage pas à faire autre chose que ça.
2. L’hôtel est plein ou le temple est fermé
Le chauffeur qui est venu te chercher à l’aéroport t’annonce que l’hôtel où tu as réservé est plein. « T’en fais pas », te dit-il. « Nous avons un autre hôtel à seulement trois coins de rue, il est encore plus beau pour le même prix. »
"Chaque suggestion qui te dirige ailleurs fait probablement gagner une petite commission à celui qui la propose."
Cependant, tu arrives à l’hôtel, le chauffeur disparaît et tu te rends compte que le voisinage n’est pas aussi beau, que l’hôtel est plus vieux, qu’il n’offre pas les services que tu as soigneusement choisis sur Internet et il y a des frais supplémentaires cachés.
En marchant vers le temple ou le musée, un étranger sympathique te dit qu’il est fermé pour aujourd’hui et il te suggère autre chose à faire à proximité. En réalité, il espère que tu arrêteras au magasin de son frère pour te désaltérer pendant que tu discutes de ton prochain plan, ou il pourrait t’envoyer vers quelques boutiques tout près.
Va voir par toi-même si l’hôtel est vraiment plein et si le temple est réellement fermé. C’est rarement le cas. Sache que chaque suggestion qui te dirige ailleurs fait probablement gagner une petite commission à celui qui la propose.
3. L’offre qui est trop belle pour être vraie
Si on t’offre un diamant pour presque rien, un costume fait à la main à un prix dérisoire ou un tour de rickshaw gratuit, on ne le fait pas pour toi, mais bien parce que ça rapporte à quelqu’un. Une balade gratuite en rickshaw implique inévitablement quelques arrêts où faire des achats. Le diamant presque donné est faux. Les commerçants dont les produits sont de mauvaise qualité ne peuvent attirer des clients qu’en offrant des réductions « juste pour toi ». Ils pourraient aussi bien accepter ton dépôt et être fermés le lendemain, quand tu passes chercher ton costume qui tombera peut-être en morceau après le premier lavage.
Paie un prix juste pour ce que tu achètes et encourage les affaires qui le sont tout autant. Comme ça, tu évites les arnaques et tu soutiens une économie prospère pour les gens du coin. Tout le monde gagne.
4. L’arnaque basée sur la distraction
Tu es en plein milieu d’un secteur touristique, tu en as plein les yeux et les oreilles et tu es surexcité de te trouver à Barcelone, à Lima ou à Hanoi. Soudainement, on t’aborde. Une vieille dame s’approche et te fait remarquer qu’un pigeon semble avoir choisi ton épaule pour soulager ses besoins avant de t’aider à te nettoyer. Parfois, une jeune femme se penche devant toi et te montre une bague en te demandant si c’est toi qui l’as échappée. Quelqu’un te demandera peut-être des indications en sortant sa carte pour mieux attirer ton attention. Pendant que tu es distrait, un complice attrape ton portefeuille ou ton cellulaire avec tellement d’habileté que tu prends plusieurs heures à t’en rendre compte.
"N’oublie pas que ça peut aussi être un étranger attentionné qui t’avertit que l’endroit fourmille de pickpockets."
Cette arnaque se présente sous plusieurs formes. Quelqu’un peut t’éclabousser avec de la moutarde ou de la crème à main, simuler une chicane ou simplement te demander l’heure. Des équipes d’experts ciblent les touristes qui ont l’air faciles à distraire.
N’oublie pas que ça peut aussi être un étranger attentionné qui t’avertit que l’endroit fourmille de pickpockets. Tu vérifies que tu as toujours ton téléphone et ton portefeuille sans réaliser que tu viens de montrer aux voleurs attentifs exactement où tu gardes tes objets de valeur. Leurs mains agiles te dépouilleront en un rien de temps.
Pour rester en sécurité, garde tes objets de valeur dans une poche avec un zip à l’intérieur de ton manteau. Habitue-toi; chaque fois qu’un étranger s’approche de toi, tiens bien ton sac contre toi.
5. L’arnaque de la nouvelle devise
En voyage, c’est parfois difficile de s’habituer à une nouvelle devise, particulièrement quand tu viens tout juste d’arriver. Les chauffeurs de taxi à l’aéroport le savent bien et ils en profitent. Les commerçants malhonnêtes essaieront aussi d’en tirer profit.
Quelqu’un se trompe volontairement en te rendant ta monnaie. Tu paies avec un billet de 100 000 ou de 10 000. Le chauffeur ou le commerçant l’échange discrètement avec un billet comptant quelques zéros de moins et affirme que tu essaies de l’arnaquer. Le chauffeur ou le commerçant refuse de prendre ton argent en disant que le billet que tu lui as donné est contrefait. En réalité, il vient tout juste de changer ton vrai billet pour un faux et tu finis par payer deux fois.
Assure-toi de connaître le prix des choses et de savoir combien tu peux obtenir en devise étrangère pour un dollar. Apprends à reconnaître les couleurs et les dénominations et à savoir quels billets se ressemblent. Garde les billets de grande valeur dans un endroit différent que les petits billets. Compte l’argent devant le commerçant avant de lui donner. Aie assez de petits billets sur toi pour qu’on n’ait pas à te rendre de monnaie.
6. L’arnaque que je n’ai pas vue venir : la femme au henné (Maroc)
Je me suis promenée au milieu de Jema el-Fna, l’énorme place dans le souk de Marrakech remplie de vendeurs offrant jus d’orange, bijoux, livres, jeux de hasard et photos avec un singe ou un cobra. J’ai sillonné chaque passage, secouant la tête en prononçant la shukran (non merci) chaque fois qu’on m’approchait de trop près.
J’ai même décliné l’offre des femmes dessinant au henné lorsque, armées de bouteilles d’encre, elles ont voulu dessiner sur mes mains. Parfois, quand elles s’approchaient trop, je leur disais « Je n’ai pas d’argent, je n’ai rien! » Quand elles attrapaient ma main, je me dégageais en répétant la shukran.
Quelques femmes me disaient « gratuit, gratuit! » en mimant les dessins sur ma main. Encore, je secouais la tête en guise de refus et je continuais mon chemin. En pensant à l’art qu’elles vendaient, j’ai conclu qu’offrir un petit dessin gratuitement leur faisait simplement de la publicité. Dessiner sur la main d’un touriste en attirait probablement d’autres qui étaient prêts à payer. Satisfait du dessin une fois sec, il retournerait même peut-être le jour suivant, prêt à payer pour en avoir un complet.
Eh non. C’est un coup monté.
"En pensant à l’art qu’elles vendaient, j’ai conclu qu’offrir un petit dessin gratuitement leur faisait simplement de la publicité."
Quand la femme suivante m’a offert un dessin gratuit, j’ai encore une fois refusé en disant que je n’avais pas d’argent. Quand elle attrapé ma main et a commencé à dessiner, j’ai répété que je ne voulais pas sans opposer trop de résistance. Je l’ai laissée faire un petit dessin, mais je l’ai arrêtée après moins d’une minute. Ç’aurait été injuste d’en profiter plus longtemps.
Après avoir admiré le résultat sans discrétion pour attirer l’œil des passants, je l’ai remerciée et j’ai commencé à m’éloigner. Son expression souriante a vite disparu. Elle m’a demandé 400 dinars (un prix ridicule équivalent à 50 CAD). Quand je lui ai rappelé que je lui avais dit que je n’avais pas d’argent et qu’elle ma l’avait offert gratuitement, elle a barbouillé l’encre humide sur ma main et est partie furieuse. Heureusement, j’avais quelques serviettes de table dans mon sac et j’ai pu me nettoyer sans salir mes vêtements. Gênée, j’ai caché ma main noircie sur le chemin du retour jusqu’à mon riad où j’ai lavé ma main avec de l’eau et du savon.
J’ai appris ma leçon.