L'envers du décor d'un safari au Sri Lanka
Récemment, je suis allée au Sri Lanka avec mon chum. Comme le pays compte 21 parcs nationaux et réserves fauniques, je me suis dit que c’était l’occasion parfaite de partir en safari pour observer de près des animaux exotiques dans leur habitat naturel; chose que je voulais faire depuis longtemps. Ce genre d’activité se retrouve souvent au sommet de la liste des voyageurs et on s’attend à une aventure digne de Hollywood. En réalité, ça se résume plutôt à tourner en rond pendant des heures sous le soleil en espérant apercevoir quelque chose. Attache ta ceinture et prépare-toi pour une journée sur des chemins cahoteux et poussiéreux. Voici à quoi ressemble vraiment un safari au Sri Lanka.
Le jour de notre safari au parc national de Yala, la réserve faunique la plus visitée au Sri Lanka, notre guide est venu nous chercher à 4 h 30… du matin. J’avais l’impression d’avoir à peine fermé l’œil quand j’ai entendu l’alarme de mon téléphone. On s’est habillés et on a grimpé à bord d’un gros Jeep décapotable avec six places à l’arrière. Notre guide nous a expliqué que les sièges étaient surélevés pour mieux observer le paysage. Comme on était les seuls à avoir réservé cette journée-là, on a eu droit à un safari privé. Notre guide a démarré et le moteur a rugi, brisant le silence paisible qui règne juste avant le lever du soleil. On était en route pour le parc national de Yala.
Au Sri Lanka, chaque parc national se distingue par sa faune. À Yala, on peut s’attendre à voir des oiseaux exotiques, des éléphants, des cerfs tachetés d’Inde, des paons, des alligators, des buffles d’Inde, des singes et des paresseux. Mais l’animal le plus prisé par les touristes à Yala est sans contredit le léopard, le roi de la jungle sri lankaise.
Même s’il est possible d’entrer dans le parc toute la journée, les guides les plus dévoués arrivent le plus tôt possible pour être les premiers à entrer quand le parc ouvre à 5 h 30. Les animaux sont plus actifs à l’aube et au crépuscule parce qu’il fait moins chaud. Ils sortent tranquillement de la forêt ombragée pour chasser, manger et boire.
Quand l’heure a enfin sonné, le portail s’est ouvert et les véhicules en file ont commencé à entrer, laissant derrière un nuage de poussière pour les suivants. Pendant la première heure, on a croisé des hiboux, des oiseaux et des singes. On a continué notre route rapidement dans l’espoir d’apercevoir un léopard. On a pu admirer un magnifique lever de soleil… mais pas de félin.
Après une heure à rouler le long de sentiers poussiéreux, on n’avait toujours pas repéré de léopard, mais on avait aperçu deux cerfs un peu nerveux sortant des buissons prudemment pour aller s’abreuver à un point d’eau. Le processus était gracieux, mais cette danse avec la nature était particulièrement lancinante. Aussitôt que les bêtes faisaient quelques pas, les oreilles bien dressées à l’affût de tout signe de danger, elles s’arrêtaient, puis retournaient se cacher. Elles ont répété cette chorégraphie à plusieurs reprises. On a dû les observer pendant au moins 20 minutes.
Quand je me suis tournée vers mon chum pour lui montrer mes photos, j’ai constaté qu’il s’était endormi. Arg!
J’étais captivée et j'observais la scène à travers l’objectif de mon appareil photo en appuyant sur l’obturateur sans arrêt pour capturer les deux animaux devant moi. Quand je me suis tournée vers mon chum pour lui montrer mes photos, j’ai constaté qu’il s’était endormi. Arg! Je l’ai réveillé à coups de coude, mais les cerfs avaient déjà atteint le point d’eau et buvaient avidement. Le spectacle était terminé et on était prêts à repartir.
Les trois heures suivantes ont été similaires. On s’est promenés dans le parc, passant près de points d’eau et d’endroits où différents animaux ont l’habitude de flâner. Notre guide communiquait par signes avec les autres guides qu’on croisait pour indiquer la présence ou l’absence d’animaux dans telle ou telle direction.
On n’avait toujours pas vu le fameux léopard. Voulant peut-être un peu dégonfler nos attentes, notre guide nous a rappelé qu’en safari, trouver des animaux relève de la chance. Évidemment, le fait d’avoir un guide expérimenté à l’œil aiguisé aide, mais au bout du compte, c’est surtout une question de hasard. Il a également profité de l’occasion pour mentionner sans trop de subtilité qu’on multiplierait nos possibilités de voir un léopard si on réservait une deuxième journée d’excursion.
Vers midi, on s’est arrêtés pour faire un pique-nique. Au menu, curry, dal et papadum croustillant. On s’est assis sur un petit matelas près d’une rivière assurément pleine de crocodiles. Le repas avait été préparé par le voisin de notre guide et était servi dans des gamelles en acier inoxydable pour qu’il reste chaud. Notre guide a concocté une assiette d’ananas et d’autres fruits exotiques pour nous. Je ne sais pas si c’était le charme de découvrir un nouvel endroit, les paysages surréels ou le fait d’être si loin de la maison, mais ce fut l’un des meilleurs repas que j’ai mangés au Sri Lanka.
Après avoir bien mangé, notre guide nous a annoncé que c’était l’heure de la sieste. Sans farce.
Après avoir bien mangé, notre guide nous a annoncé que c’était l’heure de la sieste. Sans farce. Il nous a expliqué que les animaux fuient le soleil pendant les heures les plus chaudes de la journée. C’était donc le moment idéal pour se reposer avant de reprendre l’expédition. On a écouté notre guide et on s’est couchés sous un arbre. Outre le fait qu’on se soit étendus exactement dans le chemin d’une horde de fourmis qui me chatouillaient les jambes, on était heureux.
Pendant qu’on se reposait, notre guide tenait la garde, scrutant le paysage avec ses longues vues à la recherche d’animaux sauvages. Un peu plus tard, il nous a réveillés en nous tendant ses longues vues. Au loin, on pouvait apercevoir le dos d’un éléphant un peu flou, mais on pouvait quand même distinguer la forme grise de l’animal. De temps en temps, un alligator faisait surface dans la rivière. Finalement, on s’est levés et on a fait une courte marche sur la plaine gazonnée. On a pu voir des empreintes d’éléphants fraîches du matin allant jusqu’à une rivière boueuse.
Le reste de la journée a ressemblé à la matinée : on s’est promenés, on s’est arrêtés pour observer des animaux et on a pris des photos. En fin d’après-midi, avec la chaleur, on commençait à être fatigués et, pour être honnête, un peu blasés. On avait tellement tourné en rond dans le parc que, même moi, je reconnaissais les endroits où on était déjà passés. On avait vu ce qu’il y avait à voir et le sentiment de nouveauté s’était dissipé. Les singes et les paons n’étaient plus aussi excitants.
On n’a jamais croisé de léopards. Des visiteurs qui ont fait le safari la même journée nous ont dit en avoir vu un de l’autre côté du parc. Ils nous ont raconté que tout s’était passé très vite : ils ont entendu des feuilles bouger, comme si quelque chose avait sauté dans un arbre, avant d’apercevoir un animal tacheté le temps d’une seconde. C’est tout. Un autre groupe a vu un paresseux traverser la route. Apparemment, ils se font aussi rares que les léopards.
L’un des éléphants a passé sa trompe par la fenêtre pour piger dans notre boîte à lunch.
En fin de journée, on a aperçu deux éléphants sortant des buissons le long de la route principale. On a ralenti pour les observer un peu. À notre grande surprise, l’un des éléphants a passé sa trompe par la fenêtre pour piger dans notre boîte à lunch. Visiblement agacé, notre guide a lancé un cœur d’ananas par la fenêtre pour éloigner l’animal. Une fois repartis, on a pu apercevoir l’éléphant ramasser le fruit avec sa trompe avant de l’engloutir.
Pour certains, partir en safari est l’aventure d’une vie : observer des animaux sauvages dans leur habitat naturel peut être vraiment excitant. Mais sache que ça prend de la chance et de la patience. Ne te fais pas trop d’attentes et tu passeras une journée inoubliable.