Retrouver un ancien compagnon de voyage à Lisbonne m'a rappelé à quel point nos amitiés de voyage sont importantes

21.06.24

Le vent de la fenêtre ouverte souffle de l'air chaud sur la banquette arrière, faisant voler mes cheveux d'un côté à l'autre. L'océan scintille à ma droite alors qu'une voiture pleine de trois nouveaux et nouvelles ami.e.s et moi roulons vers une petite ville près de Palerme, en Sicile. Est-ce Trappeto où on se dirige, ou Terrasini ? Je ne me rappelle plus. J'ai juste dit oui, et me voilà, lors de mon premier grand voyage en solo, partant pour une aventure spontanée. Je ne le sais pas encore, mais je suis aussi en train de former une amitié différente de toutes celles que j'ai jamais vécues.

Ce jour-là, je rencontre Adrian, l'un des inconnus de la voiture venant de Lisbonne. On fait toutes les choses qu'on fait dans cette partie ensoleillée de l'Italie : nager, manger du gelato sucré, boire des cocktails Aperol Spritz frais, et plus tard dans la soirée, marcher dans les rues animées de la ville. Dans un autre acte de spontanéité, on achète des billets de train pour Cefalù, une petite ville sur la côte. Les yeux grands ouverts, on regarde par la fenêtre du train, admirant la vue de la petite ville italienne perchée sur une colline surplombant l'eau. Adrian, un étudiant en architecture récemment diplômé, insiste pour qu'on voit l'une des principales cathédrales de la ville, un site désigné par l'UNESCO et faisant partie de l'itinéraire arabo-normand de Palerme. Ça me va. Je suis du genre à suivre le courant et si quelqu'un recommande quelque chose avec insistance, je suis partante. Assis ensemble dans la cathédrale de Cefalù, on devient silencieux, observant juste la magie d'un lieu qui combine complexité, histoire et beauté.


Mes aventures italiennes se déroulent. On profite des vues sur l'océan Méditerranéen scintillant, on mange des sandwichs au jambon et fromage inoubliables, on se promène dans Rome en s'émerveillant devant les fontaines et en dégustant des pâtes fraîches à tomber par terre. On parle de la famille d'Adrian à Mexico et de son amour pour le Canada, l'endroit où il a fréquenté le lycée pendant un certain temps et mon pays natal.

Assis ensemble dans la cathédrale de Cefalù, on devient silencieux, observant juste la magie d'un lieu qui combine complexité, histoire et beauté.

C’est quand je suis témoin d'une certaine forme de gentillesse que j'apprécie vraiment la valeur des amitiés de voyage. Adrian m'accompagne lorsque je sors pour appeler ma famille en toute intimité, loin du bruit de l'auberge, afin que je ne sois pas seule dans la rue la nuit. Je suis loin de chez moi, sans parler du fait que je suis une jeune voyageuse en solo, et ces petits gestes peuvent signifier énormément. En plus, je dois ajouter que sa nature décontractée alimente ma soif de voyage. Jamais il ne s’oppose à mes idées spontanées ou à nos détours. En tant que voyageurs, on rencontre de nouveaux amis dans d'autres parties du monde et, quand ça arrive, dans le meilleur des cas, on a de la compagnie et une connexion pendant nos voyages. Avec Adrian, j'ai l'impression d'avoir décroché le jackpot, bien au-delà de ça. Notre au revoir à Rome est difficile.


Mais deux ans plus tard, on se retrouve.

Je sors de l'Uber et immédiatement je me sens confuse. Pourquoi Adrian a-t-il voulu qu’on se rencontre ici ? Il y a quelques immeubles de bureaux et des maisons, mais à part ça, pas grand-chose. Je cherche l'adresse mais je ne la trouve pas. Écrivent-ils les adresses différemment au Portugal ? À la place, je trouve un café, je lui envoie ma position et je commande un brigadeiro, une boule de chocolat fondante. Puis, un sourire familier. C’est Adrian.

Nous voilà à Lisbonne où Adrian vit et travaille maintenant comme architecte. Je suis étudiante en journalisme et j’ai récemment déménagé à Madrid pour étudier. Alors, bien sûr, Lisbonne étant à moins de deux heures d'avion, j'ai fait le voyage et me voilà. Après un câlin et un moment d’incrédulité à se regarder, il me demande, "Tu veux un café ?" C’est quelque chose que je n'oublierai jamais de nos moments ensemble : il y aura toujours de nombreuses pauses café.

Je n’ai rien planifié, donc mon voyage est entièrement entre les mains d’Adrian. Je lui en suis reconnaissante. Il est ici depuis un moment et connaît les bons endroits. J'apprends rapidement à quel point il les connaît bien. À plusieurs reprises, une main amicale se tend et attire Adrian pour un câlin. Une autre tape son épaule. Les visages familiers et les amis semblent apparaître partout. Voyager avec un ami local—mais aussi international—est magique.

Je découvre ainsi un Portugal plus intime. Un dîner dans un restaurant mexicain (son ancien lieu de travail) signifie un accueil chaleureux et le meilleur service client. On va acheter des livres après le brunch et, encore une fois, un nouvel ami apparaît. Les soirées en ville ne sont pas solitaires ou intimidantes mais plutôt accompagnées d’un groupe d’amis avec qui faire la fête, y compris mon guide local qui connaît le propriétaire (bien sûr). Et puis, il y a mon moment le plus mémorable de tous dans la petite ville côtière de Cascais. On arrive pour voir la plage et on décide de marcher un peu avant de souper—des crevettes baignées dans une magnifique huile d'olive. On se promène, juste à errer, quand Adrian vérifie l'heure. Il est presque 19h30.

"Ça te dérange si on va à la messe ?" demande-t-il. Nous sommes juste à côté d'une église.


Ça ne me dérange pas et avant que je ne le sache, je m'installe dans un banc d'une église bondée, remplie de personnes âgées, de jeunes et de nombreuses familles. J'écoute le prêtre qui conduit la messe en portugais. Je regarde Adrian et les gens autour de moi écouter attentivement, s'agenouiller et se joindre les mains.

Je ne peux même pas compter toutes les personnes qui m'ont embrassée sur la joue, m'ont posé des questions et m'ont accueillie pendant mon séjour à Lisbonne… tout cela parce que j'étais l'amie d'Adrian. Je n'aurais pas eu ces expériences autrement. Malgré le fait d'être dans un pays différent entouré d'une langue étrangère, je me suis sentie chez moi. Avant ce voyage, Adrian était un ami avec qui je n'avais passé que deux jours. Cela aurait pu être une simple amitié de circonstance et de commodité. Voyager ensemble, se tenir compagnie et voir les sites. Mais laisser la porte ouverte à une amitié continue a permis de vivre des expériences encore plus significatives. Maintenant, il est mon ami de voyage à distance.

Lorsque tu voyages en solo, les connexions que tu établis avec d'autres voyageurs se développent plus rapidement que d'habitude.

Lorsque tu voyages en solo, les connexions que tu établis avec d'autres voyageurs se développent plus rapidement que d'habitude, et la confiance que tu construis est renforcée par le fait de se retrouver ensemble dans des environnements inconnus. Quand tu restes en contact après ces voyages, c'est encore mieux. En retrouvant Adrian, j'ai appris que renouer avec des amis de voyage te permet de grandir et d'apprendre tant de choses les uns des autres. Ces relations sont différentes des autres car elles ne font pas partie de ta vie quotidienne… mais elles offrent aussi plus de confort et de familiarité que les nouveaux amis que tu rencontres à ton arrivée. De plus, nous avons une chose en commun : notre volonté et notre besoin de voyager.


J'étais récemment dans une auberge à Marseille. Là, j'ai rencontré deux amis d'Australie et du Canada et nous avons passé le week-end à nager, à rire, à manger de la pizza traditionnelle (moitié fromage, moitié anchois) et à faire une randonnée jusqu'à la Calanque de Sormiou. Alors que nous revenions de notre journée de randonnée, je les regardais devant moi et je me suis dit : "J'ai hâte de les revoir. Je ne sais pas où ni quand, mais je sais que j'aurai un chez-moi temporaire où qu'ils soient."


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