Pourquoi je préfère voyager plutôt que d'avoir une vie bien rangée
« À quel âge aimerais-tu te marier ? » J'avais environ neuf ou dix ans quand, alors que j’étais dans un salon de coiffure avec ma mère, la coiffeuse m’a posé cette question. Je me souviens très bien avoir proclamé que je voulais être mariée et avoir une maison à l'âge de vingt-quatre ans. Je peux dire aujourd’hui sans me tromper que j'ai échoué sur ces deux objectifs.
En ce moment, à vingt-six ans, je n'ai pas de maison à mon nom, pas beaucoup d'économies et aucun projet de fiançailles en vue (du moins je ne le pense pas !) avec mon chum de presque cinq ans. Ce que j'ai, cependant, et je réalise maintenant que c'est beaucoup plus important pour moi, c'est plus d'expériences de voyage à mon compteur que la plupart des gens qui ont le même, le double, voir le triple. de mon âge.
Je suis récemment rentrée en Australie pour Noël après avoir vécu au Canada pendant près de trois ans. Pendant mon séjour, je me suis rendue compte que j’étais celle avec le parcours le plus atypique dans mon groupe d'amis. Le fait d'avoir pris la décision de déménager et de vivre à l'étranger a définitivement creusé un fossé entre moi et ceux dont j'étais si proche chez moi. Alors que mes amis australiens économisent frénétiquement chaque centime pour acheter leur première maison ou pour planifier le mariage parfait, je dépense tout mon argent à voyager et vivre des expériences uniques aux quatre coins de la planète (je vous ai déjà parlé de la fois où je suis allée pêcher sur un lac complètement gelé ?!)
Pendant les nombreux mois qui ont précédé mon retour au pays, je pensais aux histoires folles que j'allais raconter sur ma vie d'expatriée ; malheureusement, ce n'est pas comme ça que ça s'est passé. Au lieu de raconter la fois où j’ai fait du traîneau à chiens dans les Rocheuses canadiennes alors qu’il faisait -30 degrés, ou encore la sensation folle que j'ai ressentie en étant entourée de milliers d'autres touristes à Times Square à New York, je me suis retrouvé étouffée dans les conversations de mes amis à parler de leur nouvelle voiture ou du dernier ensemble de vaisselle qu’ils s’étaient offert.
À chaque fois que je me retrouvais avec mes amis, les mêmes conversations et questions semblaient se poser : quelques vagues questions sur ma vie à l'étranger, suivies de discussions interminables sur la décoration intérieure ou des débats sur les meilleurs appareils ménagers. Je me souviens encore du regard choqué d'une amie quand je lui ai dit que je n’avais même pas d'aspirateur au Canada (tous les planchers sont en bois, ok? Un balai est tout à fait suffisant et bien moins cher).
J'aimerais bien proclamer haut et fort que je suis heureuse et satisfaite de ma décision d'être une nomade, mais je ne le suis pas tout le temps. Le doute s'insinue souvent, car je me demande si je fais le bon choix. Tout au long de mes trois semaines à la maison, je me suis posée beaucoup plus questions: pourquoi ne sommes-nous pas fiancés ? Est-il acceptable que nous louions un appartement minuscule sans avoir l'intention d'acheter une maison dans les cinq prochaines années ? Regretterons-nous de dépenser notre argent de cette façon lorsque nous atteindrons la retraite et que nous aurons moins de « belles choses » matérielles à montrer?
J'aurais aimé pouvoir m'arracher instantanément à ces pensées simplement en me rappelant les magnifiques paysages que j'ai vus lors de ma randonnée au-dessus du Lac Louise dans les Rocheuses, ou en me rappelant combien la première chute de neige que j'ai vue était belle, mais au lieu de cela, je suis resté bloquée dans ma propre tête pendant tout le voyage, déchirée entre la vie "d'adulte" et celle de voyageuse.
J'aimerais bien proclamer haut et fort que je suis heureuse et satisfaite de ma décision d'être une nomade, mais je ne le suis pas tout le temps.
Ce n'est qu'à mon retour au Canada, épuisée après un voyage de près de trente heures sans sommeil, que je me suis à nouveau rappelée que j'avais pris la bonne décision de sortir du moule de la maison-chien-enfants. Alors que j'étais assise dans notre petit appartement, j'ai regardé autour de moi tous les souvenirs de voyages passés qui donnent vie à notre chez-nous.
Au lieu que la porte de notre réfrigérateur soit encombrée de factures et de plans de paiement pour des choses que je ne me souviens même pas d'avoir achetées, elle est devenue une sorte d'armoire à trophées de voyage.
Elle est remplie de selfies quétaines pris aux quatre coins du monde et d'un aimant obligatoire de chaque ville d'Amérique du Nord, du Royaume-Uni et des Caraïbes que nous avons visitée. Je n'ai peut-être pas de canapé de luxe ou d’un beau séjour pour recevoir les gens, mais j'aurai toujours des histoires et des souvenirs à raconter pour ceux qui veulent écouter.
Ne vous méprenez pas, un jour, bien sûr, je veux un peu plus de confort, mais pour l'instant, je suis heureuse de vivre avec un peu moins. Si conduire ma voiture qui me permet à peine de me rendre d'un point A à un point B et manger sur le canapé parce que nous avons accidentellement dépensé nos économies pour un voyage de dernière minute à Cuba signifie que je peux continuer à vivre une vie unique et passionnante plutôt que la vie traditionnelle du 9 à 5, cela me convient parfaitement.
Quant à mes relations avec mes amis qui sont restés au pays, j'ai cessé de prendre nos nouvelles différences trop à coeur. Même si c'est difficile à accepter, il arrive que nous prenions des directions différentes de ceux que nous aimons, et c'est normal.
Je serai toujours fière de moi pour avoir fait le saut, à un moment de ma vie où il aurait été si facile de s'installer et de suivre un chemin de vie plus acceptable socialement. Si, dans quelques années, je n'ai toujours pas beaucoup de biens matériels qui montreraient que j’ai « réussi ma vie », je trouverai du réconfort dans le fait de savoir que mes expériences de vie dépassent de loin ma valeur nette.
Peu de gens peuvent dire qu'à vingt-trois ans, ils ont condensé leur vie dans un seul sac et sont partis à l’aventure, sans savoir où ils allaient finir ! Je suis si heureuse de l'avoir fait, et le Canada continuera d'être mon pays... jusqu'à la prochaine aventure !
Numéro 5