13.04.17
par Marie

À Kyoto, la vraie aventure consiste à sortir manger dans un petit restaurant situé le long de la rivière Kamo-gawa ou dans le quartier Gion. Les restaurants japonais gardent leurs secrets à l’abri des regards derrière une façade hermétique, des portes closes et des fenêtres tapissées d’une pellicule opaque. Un noren, ce rideau traditionnel à plusieurs fentes, est souvent suspendu au-dessus des portes, mais parfois seule une lanterne éclaire un menu succinct pour indiquer la présence d’un restaurant.

J’analyse la devanture de l’établissement qui laisse toute la place à l’imagination, puis je prends mon courage à deux mains et je fais glisser la porte coulissante. Quelques têtes se retournent vers moi au moment où le serveur me lance quelques mots qui me paralysent. Le sourire figé, je me demande s’il a dit « nous sommes complets » ou « je vous reviens ». À en juger par son regard, je conclus qu’il n’y a pas de place pour moi. Retour à la case zéro. Le même scénario se répète jusqu’à ce qu’une serveuse souriante me fasse des signes invitants.

Je m’assois au bar d’un restaurant éclairé de quelques chandelles. Pour autant que je sache, je tiens peut-être le menu à l’envers lorsque je commande à l’aveuglette en pointant deux suites de caractères indéchiffrables. Le suspense commence! Qu’y aura-t-il dans mon assiette? Je reçois avec surprise un bol de ramen composé de viande, de poisson, d’œufs, de champignons et de mystérieux morceaux gélatineux. Est-ce un légume, une sorte de calmar ou une pâte alimentaire? Plus j’y pense et moins j’en suis certaine, mais ce n’est pas mauvais! On y prend même goût!

C’est avec un air perplexe que je regarde la serveuse poser un verre de saké devant moi. Le petit verre est servi dans une boîte en bois remplie d’un liquide incolore. Je présume qu’il s’agit d’eau pour garder le saké au frais. Ce n’est qu’après avoir commandé un autre saké que tout s’illumine. La serveuse verse le saké dans le verre qui déborde et déborde dans la boîte. Voilà! J’ai manifestement plus de saké pour mon argent.

Le ventre plein et la tête légère, je demande l’addition, règle la note et quitte le restaurant. L’aventure n’a pas été simple, mais elle m’a réservé bien des surprises.

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