FOMO vs YOLO : Les hauts et bas du voyage à temps plein
L'infirmière nettoie la profonde entaille dans mon genou pendant que je regarde un gecko courir le long du mur, derrière le kit de suture sur la table à côté de moi. Si c'est la première fois qu'on te fait des points de suture, pourquoi ne pas le faire dans un « hôpital » d'une seule pièce au milieu de la jungle ? Telles sont les joies du voyage à plein temps.
Cela fait plus de quatre ans que je suis partie pour ce que j'ai cru être un voyage de quatre mois autour du monde. Soixante-dix pays, cinq visites à l'hôpital, qui sait combien d'auberges, une nouvelle carrière, d'innombrables nuits blanches et des tonnes de nouveaux amis... mais essayer de quantifier les hauts et les bas que j'ai connus est difficile.
Quand les gens apprennent que je suis une écrivaine qui voyage à plein temps, ils imaginent immédiatement une « vie de rêve ». Ne te méprends pas, j'adore apporter mon ordinateur portable à la plage et travailler, un verre de vin à la main, alors que le soleil se couche derrière les palmiers. Ce que je n'aime pas ? Me réveiller le lendemain avec un ordinateur qui ne marche plus, rempli de sable et d'humidité et que le magasin de réparation informatique le plus proche soit à quatre heures en train d’ici, sur la côte du Sri Lanka.
Et oui, ce style de vie a ses hauts et ses bas comme tout le reste.
Les Hauts
1. Voir de belles choses
Il y a eu ce moment où j'ai vu la couleur du marbre passer lentement d'un léger rose à un orange fluo à un blanc nacré brillant, lorsque le lever du soleil se reflétait sur le Taj Mahal.
Ou cette fois où je me suis réveillée et j'ai ouvert ma tente pour découvrir le calme d'un fjord norvégien, qui s'étendait sur des kilomètres sous des montagnes imposantes, sans humains ni bâtiments autour de moi.
Il y a eu des tonnes de paysages et de moments comme ceux-ci, et que je les cherche ou les découvre par hasard en route, ce sont toujours les meilleurs souvenirs de mes voyages. Je ne me lasserai jamais de voir cette planète sous tous ses angles, que ce soit du haut d'une montagne colombienne ou d'une plage remplie de kangourous en Australie.
2. Apprendre plein de choses
La geek en moi n'en a jamais assez de toutes les choses que je peux apprendre en voyage - comme le fait de pouvoir dire « merci » dans une tonne de langues différentes (en lituanien, ça sonne comme « Achoo ! ») - et des faits historiques que j'ai appris au hasard en chemin. Saviez-vous qu'il y a des ruines sur l'île de Gozo à Malte qui ont 400 ans de plus que les Pyramides ?
3. Vivre des aventures incroyables
Parapente à Medellin, saut en bungee en Afrique du Sud, apnée à Bali, festivals de lanternes en Thaïlande. Les expériences que j'ai vécues en voyage - qu'elles soient d'ordre extrême, spirituel ou autre - sont les « hauts » pour lesquels je voyage. Le fait de les vivre avec des compagnons de voyage que je ne connais que depuis un jour ou deux, c'est le bonus.
4. Rencontrer des gens intéressants
Les humains sont trop extraordinaires. Genre vraiment, vraiment, vraiment incroyables. J'ai perdu le compte du nombre de fois où on m'a offert de l'aide en cas de besoin, ou combien de personnes ont été prêtes à passer un peu de temps à me donner des conseils pour m'aider à découvrir leur pays d’origine.
Une fois, j'ai atterri à Mascate, Oman, pour une escale d'une journée après un vol de nuit sans dormir. J'ai demandé au premier employé de l'aéroport que j'ai vu où me rendre pour prendre le bus pour la ville. Il m'a répondu qu'il n'y avait pas de « bus pour la ville ». Il s'est donc arrangé avec l’un de ses amis qui finissait sa journée pour me déposer.
Son ami Alex m'a fait visiter Muscat, m'a emmené dans les meilleurs restaurants locaux, nous a loué des jet-skis et a répondu à toutes mes questions sur Oman, sans me laisser toucher mon portefeuille, avant de raccompagner personnellement à l'aéroport à la fin de la journée. Juste avant de partir, je lui ai dit qu'il devait répondre à son téléphone qui n'arrêtait pas de sonner. « Je les rappellerai », m'a-t-il assuré. « C'est juste ma famille qui veut me souhaiter un joyeux anniversaire. » QUOI !?
Les bas
1. J'ai besoin d'une sieste... d'une longue, longue sieste.
« Wow, quatre ans à voyager... Tu n'es pas fatiguée ? » Je me fais poser cette question souvent, généralement par d'autres voyageurs qui ressentent le stress d'un voyage de quelques semaines ou de quelques mois. La réponse est oui. Je suis vraiment épuisée.
Voyager, c'est épuisant. Physiquement bien sûr : dormir dans des lits différents chaque nuit, les longs trajets en bus/train/avion, la qualité douteuse de la nourriture et de l'eau.
Mais tu ne réalises pas à quel point c'est épuisant mentalement.
À n'importe quel moment sur la route, j'ai un million de pensées qui me passent par la tête : À quelle heure est le départ ? Comment me rendre à l'aéroport ? Ai-je téléchargé l'itinéraire jusqu'à mon auberge pour ma prochaine destination ? Puis-je boire l'eau du robinet ? Comment dit-on bonjour dans cette langue ? Où est mon passeport ? Attends, sérieusement, où est mon passeport ?
2. Perdre des trucs
Ton téléphone, ton portefeuille, ton passeport... C’est les choses que tu vérifies constamment quand tu es en voyage parce que perdre l'un d'entre eux à l'étranger transformera rapidement ta vie en un cauchemar logistique. Ouais, pour l’avoir vécu plus d’une fois. Je te le confirme.
3. Tomber malade, c'est nul... Tomber malade dans les pays du tiers-monde, c'est vraiment nul.
Une fois, j'ai pris l'avion de l'Albanie vers l'Estonie alors que j'étais très (très, très) malade parce que j'avais besoin d'aller dans un hôpital convenable et c'était la façon la plus rapide, la plus économique et la plus facile de s'y rendre. J'ai ensuite passé plusieurs jours seule dans des hôpitaux en Estonie, en Lettonie et en Irlande, souvent sans pouvoir communiquer avec le personnel.
Une autre fois, boire dans un ruisseau dans les montagnes d'Amérique du Sud pendant cinq jours m'a donné un petit parasite amusant appelé Giardia.
J'ai également effectué un déplacement deux jours, des Philippines aux États-Unis, dans un état de délire et de fièvre. J'ai découvert plus tard que j’avais en fait la salmonelle et la shigella.
Ma jambe gauche a aussi une belle cicatrice de brûlure d'un pot d'échappement brûlant de scooter au Sri Lanka.
Bref, être malade, ça craint. Être malade et seule, ça craint encore plus. Être malade, seule et dans un pays étranger sans grand soin médical ? C'est le pire.
4. Être involontairement déconnecté
La galère avec le wifi est réelle pour tous ceux qui voyagent à temps plein.
Ce sentiment de déconnexion est parfois l'une de mes parties préférées du voyage. Tu n’as pas besoin de faire un effort conscient pour éteindre ton téléphone, tu n’as qu'à te déconnecter du réseau wifi et voilà ! Tu es tranquille pour un moment.
Mais le manque de connectivité peut aussi être un énorme problème. Avec une mauvaise connexion Internet et des échéanciers à respecter, il faut parfois se résigner au fait que ce qui devrait prendre une heure va en prendre trois.
Sur le plan personnel, il est difficile de rester en contact avec ses proches lorsque l'on dépend d'Internet. Et jongler avec les différents fuseaux horaires n’est pas facile. J'ai vraiment énervé mes proches en n’ayant aucun réseau pendant des jours sans les avertir au préalable (désolé, maman).
5. Manquer (les choses importantes)
Au-delà des fuseaux horaires qui finissent par te donner l'impression d'être sur une toute autre planète que tes proches, j'ai perdu le compte du nombre de cases "ne pourra venir" que j'ai cochées à regret sur les invitations de mariage. Et ça me fait toujours mal de voir ma famille et mes amis réunis à des fêtes de naissance ou de fiançailles, tenir le bébé d'un être cher ou s'amuser à des enterrements de vie de jeune fille...
Dans l'ensemble, je me souviens d'être assise dans cette chambre d'hôpital, le gecko à mes côtés, attendant mes points de suture et me sentant toutefois reconnaissante pour tout ça. On ne les appelle pas « tatouages thaïlandais » pour rien. Tout le monde doit conduire un scooter pour la première fois pour se rendre à une chute avec ses nouveaux amis à un moment donné, non ?
Il y a des moments plus difficiles, oui. Ce n'est certainement pas un mode de vie pour tout le monde. Parfois (mais c’est rare), je me surprends à envier les gens que je rencontre dans des auberges qui ont leur propre maison et une routine bien établie pour y retourner une fois que leurs voyages d'une semaine ou d'un mois sont terminés.
Mais les sacrifices en valent la peine... fois mille. Chaque style de vie a ses hauts et ses bas. Les lieux magiques, les gens extraordinaires et les aventures incroyables qui accompagnent ma vie de nomade me font oublier rapidement les points de suture et la FOMO.