Le guide du backpacker pour affronter ce qui intimide

25.08.25

Le sac à dos semble offrir une liberté incroyable, au premier abord. On entasse ses quelques affaires dans un sac, on réserve des aventures palpitantes, on monte dans un avion, et c’est parti ! Un sentiment de légèreté vient du fait d’avoir peu de responsabilités et un voyage ouvert devant soi. 

Lors d’un long voyage en sac à dos, on entre dans une période où le quotidien n’est plus rythmé par le travail, les réveils, le ménage, et toutes ces tâches qui font tourner la vie. Tout semble parfait… jusqu’au moment où l’on prend conscience des nouveaux stress qui accompagnent ce mode de vie nomade.

J’avais un immense sourire aux lèvres en montant dans l’avion pour Rome depuis Vancouver, pour mon tout premier voyage en sac à dos en solo. Mais en atterrissant, mon sourire s’est effacé et ma gorge s’est asséchée. En sortant de l’aéroport, une rangée de chauffeurs de taxi criant dans une langue que je ne comprenais pas a fait accélérer mon cœur. Les foules de gens marchant avec assurance m’ont soudain fait réaliser que je n’en avais pas autant.

Entre la communication dans une langue étrangère, la gestion d’un budget serré, les rencontres, ou encore les débuts d’histoires amoureuses, voyager en sac à dos vous pousse constamment hors de votre zone de confort. Et cela peut être… disons, intimidant. Voici donc quelques conseils pour gérer les sources de stress inévitables et trouver un certain confort dans l’inconnu.

Faites confiance aux locaux plutôt qu’aux avis en ligne

Une partie de ce qui intimide peut venir du trop-plein : cette envie de tout bien faire pour profiter au maximum de son voyage. C’est tout à fait normal de faire des recherches avant d’arriver dans un nouvel endroit, d’enregistrer quelques lieux sur Google Maps, et d’imaginer à quoi ressembleront vos journées. Mais les avis en ligne ne reflètent pas toujours la réalité. Le « meilleur restaurant » que vous avez repéré peut être fermé le jour où vous aviez prévu d’y aller, ou la plage de rêve peut se révéler bien plus loin que vous ne le pensiez. Dans ces moments-là, il est bon d’observer ce que font les locaux. Relevez les yeux de votre téléphone, regardez quels restaurants sont pleins, et allez plutôt là.

À Naples, au lieu d’aller à la pizzeria célèbre du film Mange, prie, aime, j’ai rencontré sur la plage un groupe de jeunes venus en vacances depuis Rome. Ils m’ont emmené dans une petite adresse située dans une ruelle. Le lieu comptait quatre tables, toutes occupées par des femmes italiennes âgées et des familles. La pizza était simple, délicieuse, et ne coûtait que trois euros. En plus, elle se mariait parfaitement avec les grandes bouteilles de Peroni que tout le monde buvait. Les locaux ont une bien meilleure idée de comment profiter de l’endroit où vous vous trouvez. Morale de l’histoire : ne perdez pas votre énergie à essayer de recréer à tout prix les expériences vues en ligne.

Évitez les restaurants pour économiser

Voyager en sac à dos, c’est souvent parcourir le monde avec très peu d’affaires… et un budget encore plus réduit. L’argent peut devenir une source de stress, et respecter un budget peut certainement accentuer cette petite panique que beaucoup de voyageurs ressentent à un moment ou un autre. Pour alléger tout ça, je vous propose une solution simple : laissez tomber les restaurants (la plupart du temps, voire complètement).

Aller au restaurant est une belle façon de découvrir une culture, mais ne pas le faire ne rendra pas votre expérience moins riche. Manger à petit prix est tout à fait possible, et ça permet de ne plus penser aux additions. Un budget serré demande de faire des choix intentionnels sur ce à quoi vous consacrez votre argent. Parfois, cela signifie manger un sandwich préparé à l’avance dans un parc en observant les passants.

La plupart des auberges ont des cuisines communes et des salles à manger, et les supermarchés sont parfaits pour découvrir de nouveaux produits ou pratiquer une langue étrangère.

Quand je suis arrivé à Rome, je savais que la plupart des restaurants du quartier dépasseraient mon budget. Je suis donc allé au supermarché pour acheter du pain et du beurre de cacahuète. Il ne m’a pas fallu longtemps pour apprendre ma première leçon de culture italienne : le beurre de cacahuète, ce n’est pas trop leur truc… mais la Nutella et la confiture, par contre, c’est adoré!

Quelques jours plus tard, dans un train en direction du sud, je trempais un morceau de pain dans mon pot de confiture (désolé, pas d’assiette… c’est la vie de backpacker), tout en regardant défiler la campagne verdoyante. Une fille assise en face de moi a ri et m’a dit quelque chose en italien.
« Pardon, je ne comprends pas, » ai-je répondu. Elle est passée à l’anglais : « Je pensais que tu étais italien, à cause de ce que tu manges ! » Cette petite remarque a lancé une vraie conversation.

Utilisez les chats en ligne et les activités organisées pour lutter contre l’anxiété sociale

Nouveaux endroits, nouvelles personnes. C’est parfois intimidant — mais ça ne devrait pas l’être. L’anxiété sociale est fréquente en voyage sac au dos, et c’est compréhensible : on se retrouve dans des environnements avec des gens venus d’ailleurs, qui parlent d’autres langues, ont d’autres cultures et des normes sociales différentes. Se socialiser dans ces conditions peut provoquer du stress… mais c’est aussi l’un des plus grands plaisirs du voyage ! Les moments partagés à l’étranger ont une beauté unique, et avoir des amis aux quatre coins du monde est un privilège rare.

Si vous êtes plutôt introverti·e, le fait de vous ouvrir aux autres deviendra plus facile avec le temps. Et voyager en 2025, c’est aussi bénéficier d’outils numériques bien pratiques : beaucoup d’auberges proposent un groupe de discussion où vous pouvez vous présenter et proposer des plans. Plusieurs organisent aussi des happy hours ou des visites à pied, qui enlèvent la pression de devoir faire le premier pas. Vous pouvez aussi utiliser des applis comme Meetup, qui proposent des activités programmées un peu partout dans le monde.

Servez-vous de ces avantages pour briser la glace : inscrivez-vous à une activité ou répondez simplement à une invitation dans un chat. (Petit bonus : vous pouvez consulter leur profil pour avoir une idée de la personne avant de vous lancer.)

Je me suis retrouvé un peu par hasard à Alicante, une petite ville en Espagne, le temps d’un week-end depuis Madrid. J’étais seul, sans programme. Passer la journée à la plage me suffisait… mais une fois la nuit tombée, j’ai senti un petit vide. Je suis allé voir le groupe de discussion de l’auberge et j’y ai trouvé un message invitant à aller voir le coucher du soleil. J’ai regardé le profil, puis j’ai répondu. Dix minutes plus tard, on s’est retrouvés devant mon auberge (un endroit public et sûr), et on a passé la soirée à regarder les teintes orangées et rosées disparaître derrière l’océan.

Il se trouve qu’ils venaient de ma ville natale, et six mois plus tard, on se retrouvait à Toronto pour passer du temps ensemble.

Gardez vos documents importants organisés et lisez les petits caractères

La partie « déplacement » du voyage en sac à dos — les vols, les passages à la frontière, les aéroports, les gares, les horaires de bus, etc. — peut être intimidante. Tellement de choses à retenir. Tellement de détails à gérer. Tellement d’informations à suivre. Vous allez probablement accumuler de nombreux billets et cartes d’embarquement. Vous pourriez penser que les laisser dans votre boîte mail suffit… mais cela peut vite se transformer en une séance stressante de défilement et de recherche dans une boîte de réception qui aurait dû être triée il y a des années (je parle d’expérience).

À la place, téléchargez vos billets et rangez-les dans des dossiers séparés sur votre téléphone, en les nommant par lieux et dates. Cela vous évitera de les perdre et vous sauvera la mise si vous vous retrouvez sans connexion.

Prenez aussi le temps de lire les conditions et les petits caractères. À Agadir, au Maroc, j’avais passé une semaine à faire du surf et à manger du tajine sur la plage. Le jour de mon départ, je disais au revoir aux nombreux chats du quartier en me baladant près de l’océan. Heureusement, en faisant mon sac, j’ai ouvert mon billet dans mes courriels… et j’ai découvert qu’une version imprimée était obligatoire. En 2024, ça m’a surpris ! Par chance, mon auberge avait une imprimante, et j’ai pu l’imprimer juste à temps.

Utilisez la technologie pour vous aider à communiquer dans de nouvelles langues

Je vais commencer par dire ceci : je recommande d’apprendre quelques phrases clés dans la langue locale avant d’arriver. Cela vous aidera à vous sentir plus à l’aise et montre du respect envers les habitants. Cela dit, il n’est pas toujours possible de parler couramment la langue locale partout où l’on va. Il est donc tout à fait normal que la barrière de la langue soit stressante ou intimidante. C’est là que les applications de traduction comme Google Translate (avec sa fonction de reconnaissance vocale) et DeepL (mon préféré) sont très utiles.

On se sent souvent dépassé face à une langue qu’on ne maîtrise pas. N’ayez pas peur de ralentir, de respirer un coup, et de sortir votre téléphone pour vous aider à traduire. Peut-être que vous voulez simplement exprimer votre gratitude, demander une recommandation ou régler un détail de voyage.

Au Pérou, j’ai décidé de quitter Lima pour passer quelques jours à Paracas, une petite ville côtière, avant mon départ. Ce que je ne savais pas, c’est qu’une grève de bus allait avoir lieu le jour de mon retour, sans possibilité de modifier mes billets en ligne. Au siège de la compagnie de bus, j’ai lentement mené une conversation pour expliquer ma situation. J’ai réussi à régler le problème grâce aux applis, au langage corporel et à mon espagnol très basique.

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Comme je l’ai dit au début, voyager en sac à dos peut sembler incroyablement libérateur — et ça l’est. Bien sûr, il y a des éléments intimidants à surmonter, comme l’anxiété sociale, la logistique des déplacements, la barrière de la langue ou un budget serré. Mais une fois que vous sortez de votre zone de confort et que vous réalisez tout ce dont vous êtes capable, c’est là que les vraies aventures commencent. Le voyage est rempli d’odeurs, de sons, de textures et d’émotions. Je me souviens encore du goût du sel sur mes lèvres et de la sensation de crème solaire séchée sur ma peau au Maroc. Je revois les étoiles figées dans le ciel des montagnes du Pérou. Vous surmonterez les difficultés et, avec le temps, vous oublierez tout ce qui vous intimidait au départ, tant la magie du voyage prendra le dessus.