Le guide d'une expat pour survivre à l’hiver canadien

24.01.18

« Comment tu penses survivre au froid? » J’ai souvent entendu cette question quand je me préparais à déménager de l’Australie au Canada, mon visa vacances-travail en main. Je ne suis pas la première Australienne à me faire poser la question : tout le monde qui décide d'emménager dans un endroit où l’hiver est intense passe par là.

Si t’es comme moi, tu répondras toujours : « Ça va aller, j’amène un bon manteau! », pour finalement te rendre compte plus tard que ton bon manteau, bah… il n’était pas si fantastique que ça, puisque tu t’es retrouvé en presque hypothermie après l’avoir porté une fois par des températures glaciales sous zéro.

Comme je suis arrivée au Canada en juin, j’ai été gâtée avec de parfaites journées chaudes et ensoleillées accompagnées de festivals, de bières et de BBQ (ce que je veux dire par CHAUDES : bien au-dessus de 30 degrés et par ENSOLEILLÉES : dans certains endroits, la nuit ne tombait pas avant minuit!). Je n’aurais pas dû être trop confiante, mais après avoir vécu une telle expérience à mon arrivée, je pensais survivre à l’hiver sans problème, comme un athlète australien remportant la médaille d’or aux jeux d’hiver.

Après avoir parcouru le Canada, mon copain et moi avons décidé de nous installer à Toronto pour nous trouver des emplois. Dans l’industrie hôtelière, la température est un GROS sujet de conversation. Et dès que j’ouvre la bouche, les gens sont intrigués par mon accent (je l’admets, j’aime attirer l’attention... Je suis un mélange de Steve Irwin, de Paul Hogan et de Nicole Kidman dans un seul corps). Après ma réponse à la question de base : « Tu viens d’où? », on me répond presque toujours « J’peux pas croire que t’as emménagé ici, il fait tellement froid! On aimerait aller en Australie ». Et je réponds : « Bah... je le fais pour l’expérience! »

Passons maintenant à décembre dernier, quand les gens me demandaient : « Comment tu t’en sors? ». Dans ma tête je répondais : « Si m’en sortir c’est me rouler en boule dans un coin presque toutes les nuits pour regarder des reprises de Home and Away en me jurant de ne pas sortir tant que la température n’est pas supérieure à mon âge, on peut dire que je vis la belle vie, mate!». Comme je voulais pas avouer que j’avais pas réalisé que l’hiver serait si extrême, je répondais : « Oui, j’adore ça. Je suis faite pour l’hiver! ».

Je me rappelle de la première journée VRAIMENT froide en décembre : -20 avec un refroidissement éolien de -35 (P.S. : Canada, ça sert à rien de dire refroidissement éolien. La vraie température, c’est -35, avoue?). Je devais sortir faire les courses. Seigneur, j’ai appris une leçon ce soir-là : faire des commissions rapidement est impossible l’hiver au Canada. Juste pour sortir de la maison, il faut apprivoiser sa pelle, essayer de se dégager un petit chemin (c’est tout un entraînement cardio) et enlever la quantité étonnante de neige sur son auto avec un balai bizarre (même s’il neige encore). Ensuite, il faut s’asseoir dans l’auto pendant 79 heures pour attendre que le givre à l’intérieur des fenêtres fonde, et tout ça avant même de sortir de la cour. Bon, j’avoue. C’est ce qu’on m’a raconté. Ce soir-là, j’ai abandonné après avoir pris ma pelle.

Aussie Guide1

Pour être honnête, cet hiver est, apparemment, un vrai hiver canadien. Je compte plus les fois où on m’a dit : « C’est l’hiver le plus froid des 50 dernières années », « Je me souviens pas avoir eu aussi froid de toute ma vie » ou « Wow, t’as choisi un hiver intense pour arriver ici! ».

Maintenant, je réalise que je ne présente pas l’hiver sous son meilleur jour à mes amis voyageurs. Heureusement, après le premier choc de décembre, j’ai rapidement découvert des conseils très importants pour survivre à ma première expérience hivernale et, surtout, pour l’apprécier.

1. (le plus important) Achète-toi un manteau

Ne le néglige pas à cause du prix… c’est IMPORTANT! Imagine-toi ma petite personne qui arrive au Canada avec une veste matelassée sans manches d’environ 1 cm d’épaisseur, pensant me garder au chaud. MAUVAISE IDÉE! Même si les temps sont durs, économise chaque sou (monnaie qu’il te reste après une bière, une collation ou ton lavage) et achètes-en un bon! J’ai acheté un manteau long qui est devenu mon meilleur ami : je ne quitte jamais la maison sans lui. Sinon, tu peux en trouver un usagé ou un dans une boutique de dépôt-vente pour payer moins cher.

Macklemore

2. Porte des BOTTES pour marcher

Encore une fois, l’ancienne moi pensait que les bottes d’hiver n’étaient pas obligatoires et que mes Nikes seraient suffisants. FAUX! Tes orteils vont geler et tu seras incapable de marcher à cause de la glace qui se forme lorsque la neige fond et gèle (c’est gênant de tomber tête la première en traversant la rue en plein centre-ville). Je suis contente d’avoir appris cette leçon rapidement (ouin… rapidement, c’est un grand mot… plutôt après m’être obstinée pendant quelques semaines avec mon copain). J’ai acheté une bonne paire de bottes isolantes et imperméables que je peux porter à moins de -20 degrés. Oui, oui, ces températures existent vraiment!

Canadians

3. Mets-en des épaisseurs

Ne pense pas pouvoir t’en tirer avec un seul legging et un seul chandail. Non, ça arrivera jamais. Quitte jamais la maison sans au moins 8 à 42 épaisseurs. Souvent, j’ai l’air plus grosse que je le suis parce que je porte trois pantalons, quatre paires de bas, trois chandails isothermes, deux tricots, ma tuque (bonnet pour les Français qui me lisent) et mon manteau. Tu dois le faire, mais prépare-toi à une séance de cardio quand tu tenteras d’enlever des épaisseurs en entrant dans un établissement.

4. Trouve des activités intérieures pour te divertir

Si t’es comme moi et que tu supportes pas d’être pris à la maison pendant plus d’une heure à la fois, lie-toi d’amitié avec Google et trouve des activités ou des attractions d’intérieur intéressantes offertes près de chez toi. Chaque semaine, je cherche « Choses à faire en fin de semaine à Toronto ». Même sortir pendant seulement quelques heures peut t’aider à faire passer les blues de l’hiver! Voici quelques activités vraiment cool que j’ai faites récemment : parc à trampolines (attention : c’est un entraînement intense!), café de jeux de société, aquarium, friperies et marchés de produits frais. Autre point intéressant : beaucoup de ces activités sont gratuites; bingo!

Home Alone

5. N’aie pas peur de sortir et d’admirer la beauté de l’hiver

Scoop : la neige est magnifique! N’aie pas peur d’aller dehors et d’en profiter (bien emmitouflé, sans oublier tes bottes et ta tuque). Pourquoi déménager au Canada si ce n'est pas pour profiter de l'hiver? Tu dois ABSOLUMENT faire toutes ces activités :

  • Tente de faire un bonhomme de neige

    C’est BEAUCOUP plus dur qu’on le pense. Le nôtre ressemblait plus à un tas de neige pas vraiment rond sans trait facial). Tu devrais regarder des tutoriels sur YouTube avant de commencer. Sinon, fais comme nous : copie les enfants du voisin.
  • Va glisser

    Dans la plupart des villes, beaucoup de collines sont transformées en glissades GRATUITES l’hiver. Tu peux acheter un traîneau pour presque rien dans les magasins d’extérieur ou, si tu veux vivre l’expérience authentique, utilise un grand sac poubelle pour dévaler la pente.
  • Va voir des chutes d'eau glacées

    Rends-toi en auto, en marchant, en avion, en vélo ou encore en tapis volant aux chutes d’eau glacées les plus près de chez toi. Un mot : IMPRESSIONNANT. Regarde la photo ci-dessous, tu seras surpris. Embarque dans ta voiture et pars à la chasse des chutes d’eau pour être émerveillé.
  • Participe à une bataille de boules de neige

    C’est encore plus le fun si ton adversaire ne se méfie pas de toi! Sors l’enfant en toi et attaque comme s’il n’y avait pas de lendemain! Conseil d’une pro : la neige est idéale pour les boules de neige quand il fait un peu plus chaud (-5). S’il fait trop froid, la neige ne collera pas.
  • Va patiner

    C’est un classique à ne pas manquer. La plupart des patinoires des centres-villes sont bien entretenues et tu peux y patiner gratuitement. Tu dois seulement louer des patins pour environ 10 $ dans la plupart des endroits et tu vas triper comme un fou! Conseil d’une pro : le patin sur glace est la version canadienne du Aus Kick, ce qui signifie que tous les Canadiens ont appris à patiner en même temps qu’à marcher. Si tu veux pas être intimidé par toutes leurs prouesses et pirouettes pendant que, TOI, tu t’accroches encore à la barre, tu peux envisager de suivre des cours. Tu me remercieras plus tard.
Penguins

Maintenant que mon premier hiver canadien est bien avancé, j’ai réalisé deux choses :

  1. L’hiver est vraiment incroyable si tu n’as pas peur de sortir et de partir à l’exploration. Le monde est fait de magnifiques extrêmes et je me sens privilégiée de pouvoir le constater au Canada.

2. Tout a une fin. Bientôt, la neige sera toute fondue et ce sera à nouveau l’été. Ma peau blanche bronzera et je pourrai espérer qu’un jour il fasse plus de 30 degrés.