La montagne arc-en-ciel : la randonnée la plus colorée du Pérou
Si les ruines vieilles de 500 ans du Machu Picchu sont l’attraction la plus visitée au Pérou, c’est la montagne arc-en-ciel qui vole la vedette sur Internet. Culminant à 5 100 mètres de hauteur, soit 5 kilomètres au-dessus du niveau de la mer et seulement 200 mètres plus bas que le camp de base de l’Everest (!), elle se trouve à trois heures de la ville de Cuzco, quelque part dans les Andes péruviennes. Difficile de croire que cette montagne multicolore a été découverte il y a une décennie, puisque plus de 100 000 visiteurs s’embarquent chaque année pour une difficile randonnée d’une journée pour atteindre son sommet. Les rayures qui la caractérisent sont faites de gisements minéraux accumulés à travers le temps et révélées par la fonte du glacier qui la dominait autrefois. C'est un phénomène naturel qui, selon les rumeurs, serait le résultat du réchauffement planétaire.
La veille de ma randonnée, à Cuzco, j’étais assez nerveuse. C’était la faute d’Internet. J’y avais lu beaucoup trop d’histoires de gens frôlant la mort ou s’évanouissant à cause de l’altitude et de raisons de ne pas gravir la montagne arc-en-ciel. Il faut dire qu'on venait tout juste de faire le chemin de l’Inca jusqu’au Machu Picchu. Ça commençait à faire beaucoup de randonnées pour une seule semaine.
Après quelques heures de sommeil peu réparateur, notre guide est venu nous chercher, mon chum et moi, à 3 h du matin. Un long trajet sinueux nous attendait (allô le mal de cœur). En jasant avec les autres voyageurs de notre vanne, j’ai découvert que la plupart étaient excités à l’idée de gravir la montagne à pied. C’était pas mon cas. Moi, j'avais en tête de monter à dos de cheval.
Pour l’équivalent de 35 CAD, un Péruvien m'a loué son cheval et m'a guidé jusqu'au camp de base.
Si la randonnée se faisait au niveau de la mer, n’importe qui relativement en forme pourrait y arriver. Mais l’altitude et le temps imprévisible rendent l’expérience assez difficile, même pour les randonneurs chevronnés. Pour l’équivalent de 35 CAD, un Péruvien m'a loué son cheval et m'a guidé jusqu'au camp de base. On avait quatre heures pour marcher 10 km aller-retour.
J’avais le nez gelé, les lèvres sèches et le vent froid passait à travers mon chandail de laine acheté dans un marché de Cuzco plus tôt dans la semaine. Il ne faut surtout pas sous-estimer l'importance d'amener des vêtements chauds dans son backpack (on te dit quoi apporter lors de ton prochain voyage au Pérou tout en voyageant léger ici).
En montant, je sentais une douleur constante derrière mes oreilles, symptôme indiquant que mon corps manquait d’oxygène. Suivant les conseils de tous les Cuzquéniens, on avait apporté un petit sac de feuilles de coca à mastiquer, un remède naturel pour contrer le mal des montagnes. Je m’en étais fait un thé que j’avais mis dans un thermos pour me garder au chaud et bien hydratée.
L’ascension était lente. Si lente que, pour les premiers kilomètres, mon chum (qui était à pied) avançait aussi vite que mon cheval. Malgré mon moyen de transport, je n’étais pas tout à fait hors de danger. Certaines sections du sentier étaient assez casse-cou. Par endroit, je devais donc descendre et marcher tranquillement. Le dernier stretch avant d’atteindre le sommet était plus difficile et j’ai dû le parcourir à pied.
Depuis le sommet, les randonneurs qui approchaient ressemblaient à des zombies, marchant au ralenti et exagérant leurs mouvements.
Comme je suis arrivée en haut 15 minutes avant mon chum, j’ai eu un petit moment pour moi. Bon, c’est relatif vu le nombre de touristes, de vendeurs de snacks et de femmes en habit traditionnel qui pullulaient au sommet. Par contre, si on en faisait abstraction, le paysage était vraiment à couper le souffle, et pas seulement parce que l’air se faisait rare. Tout était tellement grand et impressionnant. Les rayures et les couleurs étaient exactement comme sur les photos. Ça semblait irréel de me retrouver devant un paysage que j’avais aperçu si souvent en image. Depuis le sommet, les randonneurs qui approchaient ressemblaient à des zombies, marchant au ralenti et exagérant leurs mouvements, s’arrêtant à tout bout de champ pour reprendre leur souffle.
Quand mon chum est arrivé au sommet, on s’est reposé et on a pris des photos pendant une demi-heure, admirant la vue colorée et les montagnes enneigées au loin. Lorsqu'on en a eu assez, il m’a reconduite à mon cheval et, ensemble, on a commencé à descendre. Pas besoin de dire que le retour a été beaucoup plus facile que la montée.
Le ciel s’est soudainement mis à gronder au-dessus de nos têtes. On a terminé la randonnée au trot sous la pluie et la grêle
La journée n’était pas encore finie — la montagne arc-en-ciel nous réservait une dernière surprise. Il nous restait moins d’un kilomètre à parcourir quand on a remarqué à quel point on avait été chanceux d’attraper du beau temps. Au même moment, comme pour nous contredire, le ciel s’est soudainement mis à gronder au-dessus de nos têtes. On a terminé la randonnée au trot sous la pluie et la grêle, nous dépêchant pour nous réfugier dans la vanne en attendant les autres membres du groupe. La montagne arc-en-ciel nous en aura peut-être fait voir de toutes les couleurs — grelottant, mouillés et essoufflés —, mais on pourra dire qu’on a été à la hauteur.