Je pense vraiment que dater en voyage, c'est une bonne idée. Voici pourquoi.

Je suis ici avec Pablo, l'ami d'un ami et un local de la région de campagne où je séjourne pour le mois et demi à venir. Lorsque nous nous sommes rencontrés autour d'un feu de camp, il m'a proposé de faire une balade à moto et de me montrer l'un des belvédères de la région. Et voilà, nous y sommes. Au coucher du soleil, nous avons contourné des montagnes, passé devant des maisons de campagne faiblement éclairées, traversé un nuage de brume de montagne et gravi un chemin de terre escarpé jusqu'à cette vue imprenable sur la capitale.

Je décide que l'avion que nous regardons vient de quelque part en Europe. L'Allemagne ou les Pays-Bas, parce que j'ai vu des tas de touristes venant de cette région du monde. Le Costa Rica semble être un aimant qui les attire en masse. Bien sûr, je ne peux pas le savoir avec certitude et cela n'a pas vraiment d'importance. J'apprécie simplement cette nuit que je n'aurais pas pu organiser seule. Il y a tellement d'excursions proposées aux étrangers ici au Costa Rica et beaucoup d'entre elles ne m'intéressent pas. Ce que je veux vraiment, c'est avoir un aperçu de ce que les gens d'ici font tous les jours. Sortir avec un habitant (lorsqu'il y a une véritable connexion/intérêt, bien sûr) est un très bon moyen d'y parvenir. En fait, dater a souvent amélioré mes expériences à l'étranger pour cette raison.

Lorsque tu dis oui aux invitations qui se présentent à toi, tu apprends à connaître la culture à un niveau plus profond.

Je n'aurais pas pu voir ce côté du pays si Pablo n'avait pas proposé de m'y emmener. D'abord, je n'aurais eu aucun moyen de me rendre ici et, comme on n'en parle pas et qu'on n'en fait pas la publicité, je n'aurais eu aucun moyen de savoir que cet endroit existait. Il faut vivre ici pour le savoir. De plus, bien que le Costa Rica propose des circuits pour un grand nombre de ses magnifiques sites, beaucoup d'entre eux sont tout simplement en dehors de mon budget et un peu trop soigneusement organisés pour ce que je recherche ici.

L'un de mes objectifs pour 2024 est de voyager davantage... et de voyager de façon éthique. Une façon dont je pense pouvoir y parvenir est de mieux écouter et de prendre le temps de voir le côté plus calme d'une destination, qui existerait tel quel indépendamment de ma présence en tant que touriste. Au cours de cette soirée particulière avec Pablo (et de celles qui suivront), j'apprends que le Costa Rica interdit de fumer en public. J'apprends qu'un tremblement de terre a secoué la ville à la fin des années 1980 et qu'il a laissé l'église hantée et abandonnée. J'apprends aussi qu'il existe de l'alcool de coco de contrebande que je ne devrais probablement pas boire (mais que je bois quand même). J'élargis également mon vocabulaire avec ( beaucoup ) de mots d'argot qu'un guide touristique ne m'enseignerait absolument pas. Et puis il y a les détails sur l'endroit où l'on sert le meilleur chicharron, pourquoi certains magasins sont bondés à certaines périodes du mois, comment les Ticos établissent leur budget pour une vie vécue dans l'un des pays les plus chers d'Amérique latine, et pourquoi les toucans jouent là où ils le font. Ce sont tous des détails qui ne font pas nécessairement de mon voyage un succès ou un échec, mais qui en révèlent plus sur l'endroit où je me trouve.

Sortir avec quelqu'un en voyageant est une bonne idée parce que tu en apprends beaucoup plus sur la culture lorsque les interactions sont authentiques, engageantes et motivées par la curiosité. (Pour être claire, je ne parle que de situations où l'intérêt est sincère. Je ne suggère pas d'utiliser n'importe qui comme guide touristique!). Et le temps passé à pratiquer une deuxième ou une troisième langue n'est jamais du temps perdu, à mon avis.

Cependant, cela n'arrive que lorsque tu poses les bonnes questions. Lorsque tu les poses, les réponses peuvent même changer ta vision du monde.

Un soir, je demande à Pablo de me citer quelques éléments qui lui assureraient une vie heureuse et réussie. Ses réponses sont très différentes de celles que pourrait donner un Nord-Américain. Premièrement, vivre le plus longtemps possible. Deuxièmement, apprécier le temps passé avec son fils dans la ferme familiale. Cela nous éclaire non seulement sur les valeurs personnelles, mais aussi sur les valeurs nationales.

Je viens du Canada qui (en général) donne la priorité à l'avancement professionnel, aux finances, à l'éducation, à l'aventure en plein air et à l'ascension des échelons. Je suis ici au Costa Rica, dont la devise est "pura vida" (vie pure) et qui se félicite d'abriter l'une des zones bleues du monde - des zones où la population générale a tendance à vivre plus longtemps grâce à un mélange de choix de mode de vie et de facteurs environnementaux. Aujourd'hui, un habitant me dit qu'il veut vivre le plus longtemps possible et apprécier les relations familiales et la poche du pays où vit sa famille. Il y a des années, lorsque j'ai déménagé en Amérique latine, mes priorités ont changé en même temps que mon changement de lieu. J'accorde plus d'importance à la qualité de vie, à l'aventure, aux amitiés et à la créativité qu'à bien d'autres choses. Des conversations comme celles-ci réaffirment une vision du monde en constante évolution et des valeurs auxquelles je donne désormais la priorité.

P.S. : Les approches axées sur les objectifs ne te serviront peut-être pas ici.

Dans les sociétés qui mettent souvent en avant et valorisent la monogamie et le partenariat, et encore plus le mariage et les enfants, il peut être difficile de ne pas traiter les rencontres avec une approche axée sur les objectifs. Surtout si tu as la trentaine, comme moi. Je suis passée par là.

Je le dis autant à moi-même qu'aux autres : lorsque nous traitons les gens ou les lieux avec une attitude du type "Qu'est-ce que cette expérience peut m'apporter ?", nous entrons dans une approche à vision étroite qui nous ferme à des résultats potentiellement géniaux. La plupart d'entre nous ne traitons pas les amitiés avec cette approche axée sur les objectifs. Au lieu de cela, nous laissons ces liens évoluer naturellement. Je pense qu'il devrait en être de même pour les relations amoureuses. J'essaie donc d'abandonner mes objectifs et d'être présente à la place.

Par une journée de chaleur torride au Costa Rica, je suis dehors en train de prendre un bain de soleil avec mon amie. Le SPF 50 et les bières coulent à flot. Je guette les perroquets qui volent au-dessus de ma tête et peut-être un toucan. Mon amie, qui ne mâche pas ses mots, me dit qu'elle ne me comprend pas. Si je n'ai pas l'intention d'avoir une relation à distance ou de déménager au Costa Rica, pourquoi sortir avec quelqu'un ici ?