J’ai testé la vie en auberge à long terme et voilà ce qui m’a surprise

01.05.25

Fin février, je me suis retrouvée à la réception d’une auberge dans une ville côtière d’Amérique du Sud. L’air était moite, une goutte de sueur glissait sur mon front pendant qu’une volontaire—une femme colombienne aux yeux verts, à la voix rauque et au rire accueillant—m’enregistrait pour un séjour d’un mois.

« C’est parti », me suis-je dit, en longeant la piscine bordée de cabañas aux toits de chaume. J’espérais écrire pas mal. Je pensais rencontrer des gens sympas. J’étais sûre, par contre, de passer de belles journées ensoleillées à côté de cette piscine bleue en forme de haricot. C’étaient les premiers instants d’un séjour en auberge à long terme que j’avais réservé juste… parce que je pouvais. Dans la mi-trentaine, je suis une Canadienne pigiste qui vit en Amérique du Sud. Je n’ai pas d’enfants, je suis responsable de moi-même, de mon travail, de mon bonheur, et de créer une vie qui me ressemble et dont je serai fière plus tard.

Et contrairement à ce qu’on dit, parfois, le fait que tu puisses faire quelque chose... veut vraiment dire que tu devrais

Ces deux derniers points passent souvent en second dans une culture qui met la réussite pro et académique en priorité… avant même qu’on ait 10 ans. Ce genre de priorité peut sembler presque luxueux quand on vient d’un endroit où la première chose qu’on te demande, c’est : « Tu fais quoi dans la vie ? » (Si jamais tu trouves le temps d’aller à une soirée, bien sûr). Luxueux peut-être. Mais j’y tiens.

Bref. Je suis partie sur la côte pour cinq semaines de brise marine, de créativité et de couchers de soleil. Et contrairement à ce qu’on dit, parfois, le fait que tu puisses faire quelque chose... veut vraiment dire que tu devrais. J’ai passé tout mon séjour dans une cabaña privée dans une auberge, et en fait, cette expérience m’a appris beaucoup de choses. Sur moi, sur le voyage en général, et sur notre façon de connecter avec les autres autour du monde.

Voyager, c’est un mode de vie – et t’as pas besoin de grand-chose pour le faire

Comme je suis restée un moment dans cette auberge, j’ai appris à bien connaître les volontaires. Les voyageur.euse.s passaient et repartaient, mais les volontaires—presque tous et toutes originaires d’Amérique du Sud—avaient une mission : voyager autant que possible. Il y avait le chef péruvien qui voulait découvrir les Andes, version haute et fraîche. Une Suissesse qui avait traversé l’Argentine, bossé dans un ranch chilien, et profité de la plage avant de sauter au Panama. Un couple colombien qui avait été volontaire ici pendant un an (!), et qui rentrait bientôt retrouver les forêts de nuages, le café, et leurs soupes colombiennes bien-aimées. Et deux femmes argentines, un parfait mélange de douceur et d’aventure, qui remontaient vers le nord.

J’étais impressionnée. Elles avaient tout quitté pour de grandes aventures, improvisant, trouvant des solutions, et se bougeant pour que ça fonctionne. Ça voulait dire vivre et être volontaire en auberge, bosser parfois dans les bars ou restos du coin, ou en ligne.

Beaucoup de gens voient d’abord les obstacles quand on parle de voyage. Mais les « j’aimerais trop faire ça », les « peut-être un jour si j’économise », ou pire, les « t’as tellement de chance »… n’ont pas toujours leur place. Parfois, tu peux le faire. Et c’est une super nouvelle. Si t’as vraiment envie de voyager, tu trouveras un moyen. Ce mois-là, j’ai vu à quel point les auberges étaient une vraie solution pour les gens qui voyagent beaucoup.

Je pensais être une voyageuse solo, mais en fait… j’adorais dire bonjour aux volontaires tous les matins

Pendant cinq semaines, mes matins commençaient toujours pareil. Je me réveillais, buvais un verre d’eau, enfilais un bikini, me tartinais de crème solaire, puis je sortais de ma cabaña en regardant le ciel pour deviner si c’était une journée plage ou pas.

Et là : « Sineeeeeeead! Buenos días! »
La même volontaire me saluait presque chaque matin avec un grand sourire et une voix joyeuse. Depuis la cuisine, la piscine, ou en balançant dans un hamac du coin commun.

C’est tellement différent de mes matins habituels dans mon appart, là-haut dans les montagnes, où je vis seule. Et franchement, c’était trop agréable. Oui, je suis souvent en mode solo quand je voyage. Et bien sûr que j’adore passer du temps seule. Mais vivre en auberge sur la durée m’a permis de vivre mes journées comme je le voulais tout en ayant ce sentiment d’appartenance—même temporaire. Ces petites touches de connexion, dès le réveil et tout au long de la journée, c’est super typique des auberges et c’est une grande raison pour laquelle je check toujours les auberges intéressantes avant un voyage.

Sérieux, y’a pas mieux pour découvrir d’autres cultures

Même si j’étais sur la côte équatorienne, j’ai appris plein de trucs sur d’autres cultures. Genre que les empanadas argentines sont complètement différentes de celles de l’Équateur ou de la Colombie. (Pas juste la pâte—la garniture aussi). Et que les Argentins font une pizza à pâte épaisse… tellement bonne que j’en rêve encore.

Et d’ailleurs, parlons des Argentins : ils mangent super tard. Pas 21h ou 22h… je parle de minuit, voire plus. Une fois, j’étais en train de chiller dans un hamac vers 21h quand une pote m’a dit : « On cuisine ? » Une version argentine du pâté chinois. Le soir d’après : pizza. J’étais au ciel. Des nouveaux accents à pratiquer, des plats à découvrir (toujours partante pour ça), et des échanges bien plus riches que ce que j’aurais eu en lisant toute seule. Gros win.

Alors ouais, quand d’autres backpacker.euse.s parlent d’échanges culturels au-delà du pays que tu visites, c’est clairement vrai.

Mon style de voyage est hybride : j’adore les auberges, mais j’ai aussi besoin de moments solo

Quand tu choisis où aller, où dormir, comment passer ton temps, et avec qui partager ces souvenirs, ton style de voyage peut facilement se perdre. Quand j’ai commencé à intégrer le voyage dans ma vie, je savais à peine qui j’étais en tant que voyageuse. Je savais que les musées me captivaient rarement, que j’adorais la bouffe et les terrasses, et que j’avais encore un bout de chemin avant de devenir une aventurière chevronnée.

Quelque part entre mon backpack au Pérou, une croisière autour des mystères des Galápagos, et des snacks fumants dénichés dans des boui-bouis locaux, j’ai trouvé mon style. J’aime voyager lentement. Je déteste les journées trop planifiées. Je peux passer des heures à flâner dans un quartier à la recherche de jolis détails. J’aime les fêtes (si le public est cool). Et j’aime aussi être seule. Travailler en voyage, c’est idéal pour moi—et ça tombe bien, c’est nécessaire. Et s’il y a une aventure en plein air ? Compte sur moi à 1000 %.

Pendant mon séjour en auberge, j’ai compris autre chose : j’apprécie le plus les auberges quand j’ai aussi du temps rien que pour moi. Donc je ne suis pas vraiment une voyageuse solo (j’adore jaser et écouter les récits des autres), mais je ne suis pas non plus une backpackeuse aguerrie. La meilleure solution pour mes prochains voyages ? Un mix d’auberges et de logements privés. Et c’est parfait comme ça. Tu n’es pas obligé.e de dormir que dans des auberges, de manger que local, ou de faire que des excursions actives. Tu vois l’idée ? Fais ce qui fonctionne pour toi, même si c’est un mélange de styles.

J’aime ma vie et l’endroit où je vis

On dit souvent que le voyage, ça change une personne. En tant que femme qui a littéralement déménagé en Colombie après avoir fait une rando jusqu’à une jolie cascade… je confirme. Mais j’ajouterais un truc : parfois, le voyage te montre aussi ce qui fonctionne déjà dans ta vie, et te pousse à l’apprécier encore plus.

J’ai vécu sur la plage pendant presque six semaines. C’était génial.J’ai enfin laissé le soleil me dorer les cuisses, j’ai marché des kilomètres pieds nus, sans but précis. J’ai troqué mes soupes préparées en batch contre des empanadas à 50 cents commandées à un vendeur à moto, assise dans le sable. C’était top. Mais parfois, au coucher du soleil, je pensais à mon salon cosy, à ma monstera, à mes tapis boho couleur orange brûlé. Et ça me manquait. Ma petite routine idiote me manquait. Mes gros chandails me manquaient, ceux que je porte quand la brise andine me chatouille l’échine.

Fin mars, j’ai quitté l’auberge, la tête et le cœur pleins. Le van qui me ramenait grimpait les montagnes comme un manège en montée. Mon cœur a fait un bond. L’air est devenu plus frais, la végétation a changé, et tout à coup, on surplombait les vallées au lieu de regarder les sommets. J’avais l’impression d’être sortie de ma bulle vacances pour retrouver quelque chose comme… chez moi.

Les meilleurs voyages, c’est ceux qu’on est heureux d’avoir faits—et heureux de retrouver son chez-soi ensuite.

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