Escalade de glace dans les Rocheuses: entrevue avec un photographe d’aventure

14.02.25

L’escalade sur glace, c’est une expérience 100% canadienne—et franchement sous-estimée, si tu veux notre avis. Le Canada, c’est la neige, le froid, les hivers sous zéro… et quand on pense à cette ambiance glaciale, on imagine direct le ski, le patin sur des étangs gelés, la luge ou la rando hivernale. Mais l’escalade sur glace? Ce n’est pas forcément le premier truc qui vient en tête, et pourtant, c’est un sport hyper populaire dans certaines régions du pays.

C’est une façon de profiter des mois d’hiver… mais d’un tout autre point de vue. Si ni la hauteur ni les températures négatives ne te font peur, c’est l’expérience ultime à tester en hiver. Imagine des cascades gelées à couper le souffle, les Rocheuses en toile de fond et des panoramas qui s’étendent à perte de vue.

Nous avons rencontré Cody Shimizu, un passionné d’escalade sur glace et photographe d’aventure, pour parler des subtilités de ce sport, de ce qui le fait vibrer, des souvenirs marquants qu’il a accumulés et de la façon dont sa passion alimente son travail créatif.

Originaire d’Edmonton, Shimizu s’est installé à Canmore pour travailler, créer et explorer cette ville canadienne taillée pour l’aventure (sans oublier les innombrables spots dans les Rocheuses où il a repoussé ses limites et capturé des images à couper le souffle). Si ses photos et récits de journées passées à grimper ces géants de glace ne te convainquent pas, on ne sait pas ce qui le fera !

Cody Nemesis 93 S

S: Comment décrirais-tu l’expérience de l’escalade sur glace à un voyageur qui n'en a jamais fait?

C: Je pense que l’escalade sur glace est probablement l’une des formes d’escalade les plus impressionnantes. C’est une expérience complètement irréelle de grimper une cascade gelée. Déjà, juste observer ces géants de glace, c’est fou… mais réaliser que tu peux les escalader, c’est carrément incroyable. C’est vraiment une sensation unique de grimper sur un mur de glace complètement vierge. Et en plus, c’est un bon moyen de décompresser : avec les piolets, tu frappes la glace pour créer tes propres prises.

S: Tu as un mode de vie assez unique. Raconte-moi un peu ton parcours en escalade sur glace. Comment as-tu commencé?

C: Je faisais déjà pas mal d’escalade en extérieur, donc je connaissais bien tout le travail avec les cordes, mais je n’avais jamais essayé l’escalade sur glace. Un jour, un pote et moi, on était à une vente chez MEC. Aucun de nous deux n’avait testé ce sport avant, mais on voulait vraiment s’y mettre. Et là, ils vendaient des piolets, des crampons et des chaussures d’escalade sur glace à un prix vraiment dérisoire. Alors on a acheté tout l’équipement… sans même essayer d’abord.

On est allés à un spot local à Canmore qui s’appelle le Junk Yard. On a tout de suite accroché. Après ça, j’ai continué à progresser, à grimper en tête et à tenter des voies de plus en plus difficiles. C’est comme ça que tout a commencé.

S: Parlons de tes premiers souvenirs marquants en escalade sur glace.

C: Quand j’ai commencé à apprendre, je vivais encore à Edmonton. Le Club Alpin du Canada organisait un trip pour perfectionner ses techniques sur de la glace raide. J’ai suivi ce stage et j’ai séjourné à l’auberge HI Nordegg. C’était un week-end incroyable. Les bénévoles étaient géniaux, hyper passionnés et prêts à partager leur temps et leur expertise.

On est allés grimper une voie qui s’appelle Pure Energy. C’était mon premier vrai week-end d’escalade sur glace, avec des passages bien plus raides que ce que j’avais fait avant. Et là, ça a cliqué: j’ai su que j’adorais ce sport et que je voulais vraiment m’y investir.

S: Qu’est-ce que tu préfères dans l’escalade sur glace par rapport aux autres types d’escalade ?

C: Vu la longueur des hivers ici, il faut vraiment apprendre à les apprécier. Si tu fais juste de l’escalade sportive, la saison est super courte… et ça peut être dur de vivre ici. Moi, j’aime l’hiver. Les montagnes couvertes de neige sont juste magnifiques, et pouvoir jouer dans cet environnement, c’est une sensation unique.

Et puis, l’escalade sur glace en elle-même est vraiment spéciale. Contrairement à l’escalade sur rocher, qui reste plus ou moins la même, la glace change tout le temps. D’une année à l’autre, et même d’une semaine à l’autre, la façon dont la glace se forme peut être complètement différente. Par exemple, il y a une voie qui s’appelle Wicked Wanda où, à cause d’un courant ascendant de vent dans une sorte de ravin, l’eau gèle en montant. Certains hivers, ça forme des structures complètement folles, un peu comme des tentacules de glace.

Cody Wicked Wanda Ghost

S: L’image que tu viens de décrire est fascinante! Alors, tu as grandi à Edmonton, tu as déménagé à Canmore et tu as grimpé un peu partout dans l’Ouest canadien. Pourquoi as-tu choisi de vivre, explorer et créer dans ce coin précis du pays ?

C: Canmore a une place spéciale dans mon cœur parce que c’est relativement proche d’Edmonton—c’est là que j’ai vraiment découvert la montagne et que j’ai commencé à apprendre. Plus je progresse, plus les possibilités s’ouvrent : que ce soit en explorant de nouvelles voies ou en me testant sur les itinéraires classiques des Rocheuses.

Ça fait presque cinq ans que je suis ici, et clairement, je ne m’en lasse pas. En plus, Canmore attire des grimpeurs du monde entier. Il y a évidemment d’autres endroits incroyables pour l’escalade sur glace, mais ici, c’est difficile à battre en termes de fiabilité. La saison est assez longue—dans une bonne année, on peut commencer à grimper dès la fin octobre.

S: Parlons de la photographie d’aventure. C’est un métier incroyable ! Qu’est-ce qu’il faut pour capturer la photo parfaite ?

C: Ce qui est vraiment unique avec la photographie d’escalade, c’est la difficulté d’être au bon endroit, au bon moment, avec la bonne lumière et tout ce qui va avec. Juste se positionner en tant que photographe, c’est déjà un sacré défi. Soit tu dois être capable de grimper toi-même, soit tu as besoin d’un partenaire qui peut grimper et installer une corde pour toi. Ensuite, il faut que les grimpeurs montent en dessous pour que tu puisses capturer des angles depuis le dessus.

Si tu veux LA photo parfaite, tu veux forcément un cliché d’un grimpeur en tête. Et là, ça complique encore plus les choses : il faut être une équipe de quatre. Le grimpeur a besoin d’un assureur, et moi aussi. Donc, le niveau de complexité est doublé. Parfois, je me dis que seuls d’autres photographes peuvent vraiment comprendre à quel point ça demande du travail et de la précision. Entre les accès compliqués, les approches longues et les conditions extrêmes, organiser un shooting en pleine montagne ou sur la glace, c’est carrément un autre niveau.

S: Comment choisis-tu les endroits où tu veux aller shooter ?

C: Ce qui est génial avec mon boulot, c’est qu’une journée de repérage peut être une journée de travail autant qu’une journée fun. Parfois, je tombe sur la photo d’un autre photographe ou d’une cascade qui a l’air cool à grimper, et ça me donne envie d’y aller. Mais il y a aussi toute la logistique à prendre en compte : certaines voies sont difficiles d’accès ou nécessitent une organisation particulière.

Au final, c’est un mélange de plusieurs facteurs. Mais ce qui compte le plus, c’est l’inspiration. Si une ligne me donne envie de la grimper, il y a de grandes chances que j’aie aussi envie de la photographier.

S: Ça a l’air génial! Raconte-moi d’autres aventures.

C: Près de l’auberge HI Castle Mountain, il y a Stanley Headwall, un spot hyper connu pour ses voies classiques et assez difficiles dans les Rocheuses. Avec des amis, on a grimpé une ligne qui s’appelle Nemesis, probablement l’une des plus iconiques en pure glace dans cette vallée. Rien que le fait de la grimper, c’était incroyable.

J’ai eu la chance de mener la dernière longueur, celle qui nous a amenés au sommet. Et là, j’ai eu un vrai moment de boucle bouclée par rapport à ma toute première histoire—c’était la voie la plus dure que j’avais jamais grimpée. J’en avais tellement entendu parler par des grimpeurs pros. Pour eux, c’est facile, mais c’est une voie que tout le monde fait parce que c’est un vrai classique. C’est un gros test dans les Rocheuses, alors pouvoir l’enchaîner avec mes potes, c’était juste une sensation géniale.

Cody Nemesis2 93 S

S: Quels conseils donnerais-tu à quelqu’un qui voyage au Canada cet hiver, qui passe par les auberges HI et qui envisage d’essayer l’escalade sur glace pour la première fois ?

C: L’escalade sur glace peut vraiment être accessible à ceux qui veulent l’essayer, surtout à Canmore, où certains des guides les plus qualifiés et sympas du monde peuvent t’accompagner pour ta première expérience. Ils s’occupent de tout : la location et l’équipement spécialisé dont tu as besoin. Je pense que la meilleure façon de s’y initier, c’est de prendre un guide.

Si tu as même un tout petit intérêt pour l’escalade sur glace, fonce ! C’est une expérience unique et super excitante, que tu le fasses juste une fois ou que ça devienne une passion. Si tu passes par les Rocheuses et que tu ne tentes pas l’escalade sur glace, c’est presque du gâchis !


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Cody Shimizu est un photographe de sports d'aventure basé a Calgary. Originaire d'Edmonton, il est tombé amoureux des montagnes a travers le vélo et l'escalade. Il travaille aujourd'hui avec des marques, des publications et des événements pour capturer la beauté de l'alpin. Découvres-en plus sur le travail de Cody!

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