Ce que chaque nouveau backpacker devrait savoir (par une fille qui est passée par là!)
Il y a une dizaine d’années, je me suis lancée dans ma première grande aventure à l’international. À 24 ans, je venais tout juste de sortir de l’université. Juste avant que l’automne ne s’installe au Canada, j’ai terminé mon premier stage en rédaction et j’ai pris un vol direction le nord-est du Brésil, au départ de Toronto. L’été précédent, en travaillant sur une terrasse au bord de l’eau à Toronto, j’avais sympathisé avec une Brésilienne. Quand elle m’a invitée à lui rendre visite, je n’ai pas hésité une seconde.
Le voyage, qui a duré un peu plus de deux semaines, était un mélange de plaisir, de premières fois, de nouvelles amitiés, de fêtes sur la plage et d’une cuisine locale incroyable. Mais c’était aussi une suite de moments de confusion, d’inconfort, de doute de soi et de cette impression d’être complètement perdue. Dans la même journée, je pouvais découvrir mon nouveau plat préféré (la coxinha) et me sentir totalement dépassée par la barrière de la langue et le fait que c’était la première fois que je me retrouvais dans une culture si différente de la mienne. Il y avait une certaine ironie à profiter de journées ensoleillées au bord de la mer tout en luttant contre cette petite voix qui me soufflait que peut-être, je ferais mieux de voyager plus près de chez moi à l’avenir.
"Peut-être que je suis juste une mauvaise voyageuse", me suis-je dit un jour. "Peut-être que je ne suis tout simplement pas le genre de personne faite pour voyager seule."
Quelques années plus tard, je me suis retrouvée à vivre à Medellín, en Colombie. Pour faire court, après une visite là-bas, je suis tombée amoureuse de l’endroit et j’ai ressenti le besoin d’y passer plus de temps. Pourtant, cette période a aussi eu son lot de moments inconfortables : me perdre, être confuse, ne pas savoir comment communiquer ou ne pas avoir assez confiance en moi pour me lancer seule dans les grandes aventures que j’imaginais.
"Peut-être que je suis juste une mauvaise voyageuse", me suis-je dit un jour. "Peut-être que je ne suis tout simplement pas le genre de personne faite pour voyager seule."
Ces pensées n’étaient pas vraies non plus. Je n’avais tout simplement pas encore trouvé mon rythme. Je ne comprenais pas encore la différence entre l’attente et la réalité du voyage. Je pensais que ça devait être fun tout le temps et que je pouvais me lancer dans un truc que j’avais à peine expérimenté sans aucune difficulté. Quelle illusion.
Aujourd’hui ? Je vis en Amérique du Sud. Je voyage seule tout le temps (au Panama, sur la côte, au Canada, au Costa Rica, dans de petits villages de montagne). Dix ans après ma première grande aventure à l’étranger et sept ans après m’être installée ici, voici ce que je dirais aux backpackers qui font leur tout premier voyage. Considère ça comme les conseils que je donnerais à un petit frère ou une petite sœur qui se lance dans le voyage en solo.
Ton temps loin de chez toi n’a pas besoin de ressembler à un modèle précis
Il n’y a pas de bonne ou de mauvaise façon de voyager. Prends tout le temps qu’il te faut pour t’adapter. Accorde-toi des journées tranquilles si tu en ressens le besoin. Saute hors de ta zone de confort ou avance à petits pas, à ton rythme. Relaxe, lis ou fais la fête, sors jusqu’à l’aube ou lève-toi aux aurores, dîne en solo ou deviens pote avec toute ta chambre de dortoir. Travaille sur des projets créatifs, laisse ton esprit vagabonder, suis une routine stricte ou ignore-la complètement.
Mon point : c’est ton voyage. Il n’a pas besoin de ressembler à quoi que ce soit de précis. Explore le monde en fonction de tes intérêts et de ta capacité personnelle. Et note bien que ce sont deux choses différentes—et que les deux méritent d’être prises en compte.
Pense à toi en premier
T’as pas envie d’aller à cette soirée ? N’y va pas. Besoin de temps solo pour enfin avancer dans ce bouquin ou ce projet perso ? Écoute cette petite voix et accorde-toi ce moment. Tu as le droit de refuser des invitations, de ne pas faire de plans ou de laisser tes journées complètement ouvertes, sans aucun engagement. Mets-toi en priorité, et tu pourrais être surpris.e de voir où ça te mène.
Ça peut vouloir dire prolonger ton séjour dans un endroit (moi, j’ai prolongé le mien de plusieurs années !), veiller jusqu’au lever du soleil, discuter avec un.e local.e qui t’intrigue ou rentrer plus tôt que prévu. Peu importe ce que c’est, mets-toi, tes besoins et ton confort en premier.
Choisis bien les gens que tu laisses entrer dans ta bulle
Sois sélectif.ve avec qui tu passes ton temps, à qui tu donnes ton numéro ou à qui tu accordes de l’espace dans ta tête. J’aurais aimé qu’on me dise ça il y a des années. Et j’aimerais surtout que toutes les voyageuses solo le sachent.
J’ai un immense respect pour les connexions sincères : les voyageur.se.s avec qui tu ressens une vraie camaraderie, celles et ceux qui te donnent des recommandations en or, les personnes qui t’inspirent à être plus aventurier.e ou créatif.ve, ou encore les colocs de dortoir avec qui tu peux avoir une conversation solide.
Par contre, je n’ai pas de temps à perdre avec les opportunistes ou ceux qui ne cherchent qu’à séduire un.e voyageur.se de passage. Je dis ça en connaissance de cause, crois-moi. Interactions de qualité uniquement, merci bien !
Mets en place des bases de sécurité et respecte-les
C’est l’un des premiers conseils qu’on donne aux voyageur.se.s solo (surtout aux femmes). Je vais éviter de radoter, mais je vais quand même le dire : c’est important.
Mes réflexes de base? Partager ma localisation, envoyer un message à mes ami.e.s quand je rentre après une soirée, vérifier les serrures et les fenêtres dès mon arrivée dans un logement, savoir qui est autour de moi, ne dater que dans des lieux publics, éviter d’arriver dans un nouvel endroit après la tombée de la nuit (si possible), et télécharger des cartes locales pour une utilisation hors ligne.
Ces précautions concernent surtout les risques liés aux autres, mais je fais aussi gaffe à la nature. J’adore être dehors, mais je ne vais jamais trop loin dans l’océan et j’investis dans des chaussures avec une bonne adhérence quand je randonne en montagne.
Ta façon de voyager va évoluer
Comme pour n’importe quelle compétence, ta manière de voyager va changer avec le temps. Parfois, des ami.e.s moins expérimenté.e.s en voyage me disent que je suis aventurière, indépendante ou que je maîtrise bien la langue. Euh… oui et non. J’ai fait du chemin.
Il fut un temps où je n’osais même pas prendre une table en solo ou commander un simple plat de rue. Ma zone de confort, c’était la place principale du village et passer la journée seule me semblait être une énorme étape. Je devais presque me préparer mentalement pour commander une empanada à un vendeur ambulant !
Aujourd’hui ? J’ai voyagé seule sur des îles reculées du Panama et loué une cabane sur la plage juste pour moi. À la fille qui pensait être « une mauvaise voyageuse » ou « pas faite pour ça »—détends-toi, tu vas y arriver ! Ça ne se fait juste pas en un claquement de doigts.
C’est normal d’être mal à l’aise de temps en temps
Quand j’ai commencé à voyager, je pensais que mon inconfort à l’étranger voulait dire quelque chose sur moi. J’avais l’impression que ça signifiait que je n’étais pas assez adaptable, pas assez cultivée, ou juste « pas douée pour ça ». Mais en fait, ça ne voulait rien dire de tout ça.
Bien sûr, c’était inconfortable d’être la seule personne à une table au Brésil sans parler portugais. Mais j’ai fini par être à l'aise de commander des crevettes fraîches sur la plage et à rejoindre un groupe pour courir au lever du soleil. Je me suis sentie idiote en me perdant en Colombie, inutile de ne pas savoir comment me déplacer pour voir les meilleures attractions. Mais plus tard, j’ai rencontré plein de monde et je me suis offert un road trip le long de la côte caraïbe.
Le voyage et l’inconfort, c’est une vieille histoire d’amitié. Être loin de ses repères, de sa culture et de ses habitudes, c’est excitant, mais c’est aussi inconfortable. C’est juste comme ça. La dernière fois que je me suis sentie mal à l’aise en voyage ? Littéralement la semaine dernière. Est-ce que j’ai aimé ça ? Non. Est-ce que je sais que ça fait partie du jeu et que du coup, je le vis un peu mieux ? Oui.
Le simple, c’est souvent le mieux
Certaines de mes meilleures journées en voyage ont été les plus calmes, celles où j’ai juste fait les choses simplement. Au début, je courais après les aventures dignes d’une bucket list : la gondole jusqu’au sommet de la montagne, la tyrolienne à travers la jungle, le gin tonic hors de prix dans le dernier bar à la mode. Et franchement, c’était cool.
Mais j’ai appris à apprécier les plaisirs plus simples en voyage (et à être totalement satisfaite de journées qui en sont presque uniquement composées!). Je parle d’une balade vers un coin tranquille de la plage, d’un footing suivi d’une limonade maison, d’une rencontre inattendue.
Je bosse en voyageant, et j’ai troqué mon mode de vie nord-américain contre une vie près de l’équateur. Autant dire que je n’ai ni le temps, ni le budget, ni l’énergie pour que chaque journée ressemble à La Meilleure Journée De Ma Vie. Aujourd’hui, bosser, manger un bon petit plat maison et avoir un moment au bord de la piscine pour profiter du soleil, c’est déjà une victoire énorme pour moi.
Ta vie n’a pas besoin de ressembler à la leur
J’ai découvert cette affirmation il y a quelques années et c’est devenu l’une de mes préférées. On vit à une époque où les meilleurs moments de tout le monde sont à portée de main (merci Instagram). C’est tellement facile de comparer et de ne même pas se rendre compte que le fameux “l’herbe est plus verte ailleurs” est en train de nous gruger de l’intérieur. Réaliser que ma vie n’a pas besoin de ressembler à celle des autres a été une vraie libération.
Il y a mille façons de voyager : en full-time, en backpack, en mode hostels haut de gamme, en escapades de week-end, en ultra-budget, etc. Moi, mon truc, c’est le slow travel en Amérique latine, où je peux mixer mes journées de boulot en ligne avec des journées dehors à profiter. Ce n’est ni mieux ni la meilleure façon, c’est juste ce que je choisis.
Aujourd’hui, je sais que mon style de voyage n’a pas besoin de ressembler à celui d’une influenceuse Insta ou à celui du backpacker qui a déjà coché toutes les destinations qui me font rêver. Je le sais maintenant… mais punaise, qu’est-ce que j’ai pu tomber dans le piège de la comparaison au début!
Numéro 7