Avec l'essor du travail à distance, il est temps d’adopter le nomadisme numérique

02.03.21

Il y a une route sur la côte de l’Équateur qui frôle le bord de l’eau de si près qu’en y conduisant, tu peux presque goûter le Pacifique. Sur la gauche, de petites cabanes en bois sont côte à côte, annonçant le meilleur de ce que ce pays de l’Amérique du Sud a à offrir : ceviche, crevettes, poisson frit et pilsners froides transpirant sous le soleil plombant. En redescendant d’un roadtrip typique en montagne, c'est là que l'anticipation du voyage atteint son apogée. Après des heures de travail et de nombreux déplacements, on y est presque arrivé. C'est à cet endroit précis que mes amis et moi avons fait un rapide débriefing avant une longue fin de semaine de voyage il y a quelque temps. «Qui travaille en fin de semaine ? À quelle heure ? Tu travailles le matin aussi ?»

Les amis que je me suis faits en Équateur (je vis ici depuis deux ans et demi) sont tous comme moi : des «nomades numériques» qui utilisent leur ordinateur portable et travaillent pour des entreprises ou des clients aux États-Unis, au Canada, en Chine et en Corée. Nous sommes des enseignants, des éditeurs, des assistants virtuels et des écrivains. Personne n'a d'emploi lié à un lieu physique, et il est donc normal qu'au cours d'une escapade d'un week-end, au moins quelques-uns d'entre nous aient des obligations professionnelles. Pour les respecter, il faut vérifier à l'avance l'accès wifi, s'assurer qu'il y a un espace privé pour travailler et préparer la journée pour réussir les jours où un devoir ou un cours est prévu (par exemple, se réveiller deux heures avant ses amis ou s'éclipser pour un après-midi tranquille devant son écran).

Quito, Equador

Travailler sur la plage n'est certainement pas ma norme (c’est mon autodiscipline qui fait défaut !), mais j'ai ouvert mon ordinateur portable dans des cuisines colombiennes, dans des auberges, dans la jungle amazonienne, dans des cafés au milieu de quartiers désignés par l'UNESCO et bien sûr lors d'escapades en bord de mer, dans la brise. Travailler dans ces endroits demande généralement toute la volonté possible. C'est aussi, dans mon cas, une façon inestimable et infiniment utile de vivre et de voyager. Si l'on considère que le mode de travail traditionnel de beaucoup d'entre nous vient d'être profondément bouleversé par la pandémie, je pense que ce travail, où que ce soit, est également sur le point d'être plus accessible à un plus grand nombre de personnes que jamais auparavant.

De nos jours, alors que les bureaux du monde entier ont fermé leurs portes il y a déjà un an et que les réunions de conseil d'administration ont été échangées contre des enregistrements virtuels Zoom, nos rôles classiques du 9 à 5 en personne ont été repensés. Le travailleur à distance n'est pas seulement le célèbre blogueur Instagram basé à Bali, c'est maintenant... la plupart d'entre nous. Ce n’est pas surprenant de voir que beaucoup d'entre nous ont découvert que, non seulement ça fonctionne plutôt bien, mais que c’est aussi un moyen unique et efficace de s’épanouir.

Nous sommes devenus maîtres dans l'art de faire fonctionner le système à distance.

Nous nous efforçons maintenant de distribuer des vaccins et, ce faisant, nous commençons à envisager un monde post-pandémie. Après (bientôt) un an, notre vie professionnelle a indéniablement changé. Nous avons été contraints d'opérer dans des espaces virtuels et les patrons ont dû trouver des solutions originales offrant aux travailleurs plus de flexibilité que jamais. Dans le passé, un personnel travaillant à distance aurait facilement pu être considéré comme inefficace. Pas de meeting du lundi ? Comment on fait les présentations ? Pas d'obligation de réunion en personne ? Ça ne fonctionnera jamais ! Si je ne te vois pas ne pas être sur Facebook toute la journée, comment je vais savoir que tu n’es pas sur Facebook toute la journée !? Ces questions semblent ridicules maintenant. Eh oui!, nous sommes devenus maîtres dans l'art de faire fonctionner le système à distance. Ce qui m'amène à dire : si tu avais envie de faire tes valises et d'essayer le mode de vie du travail à distance, ton heure pourrait bien approcher.

Faisons une pause pour reconnaître que je parle de voyager uniquement quand et où il est sûr de le faire... Je n'encourage personne (je répète, PERSONNE) à faire un sac à dos, à traverser la frontière vers un pays étranger et à mettre les citoyens en danger. C'est faire preuve d'égoïsme, d'ignorance et d'un mépris total pour les problèmes et les risques auxquels sont confrontées les communautés locales. L'ignorance à l'étranger est une mauvaise image. Lorsque tu es invité quelque part, entre avec grâce. Pas d'excuses.

Digital Nomads In Peru

Voyager n’est pas incompatible avec travailler

Quand je regarde ce qui se passe chez nous, je vois que ce qui contraignait auparavant les gens de rester à un endroit fixe, c'est leur travail. Lorsque ton emploi est lié à un lieu physique et que l'année ne te donne pas plus de deux ou trois semaines pour prendre des vacances, ça ne laisse pas beaucoup de marge de manœuvre. Avec ce passage à l'espace de travail virtuel, Toronto a connu une perte de population record, avec plus de 50 000 personnes qui sont allées s'installer ailleurs. Cette statistique présente-t-elle un avenir dans lequel les travailleurs auront enfin la possibilité d’adopter un mode de travail loin de chez eux ? Je pense que oui. Je pense aussi à un récent appel au Canada où mon frère a énuméré tous ses amis qui avaient décidé d'implanter leur siège social dans des régions plus rurales du Canada. «Ils ont décidé d'apprendre le ski de fond en Colombie-Britannique pendant leurs heures libres», a-t-il déclaré. Tu parles d’une bonne idée.

Nomadisme numérique à temps partiel

Rassure-toi! Travailler en voyageant ne signifie pas de se relocaliser de façon permanente. Le nomadisme numérique ou le travail à distance ont tendance à faire penser à ces voyageurs stéréotypés qui quittent leur travail, vendent toutes leurs affaires et s'en vont. Pour de bon. Pourquoi ne pas plutôt l'essayer pendant une courte période, ou commencer à penser que le voyage n'est pas le contraire du travail ? En fait, il y a tant d'endroits à l'intérieur des frontières canadiennes qui méritent d'être explorés et qui offrent un incroyable équilibre entre vie professionnelle et vie privée. (Personnellement, les montagnes de la Colombie-Britannique obtiennent mon vote !) Lorsque les voyages internationaux reprendront, pense à maximiser la durée de ton visa de touriste. Auparavant, une séparation plus rigide entre le travail et les voyages faisait que la plupart des gens ne pouvaient même pas envisager de visiter un endroit pendant plus de trois semaines à la fois. Maintenant, comme de nombreuses entreprises ont déjà opté pour des arrangements «à distance permanente», prévoir de rester à l’étranger pendant la durée d'un visa de tourisme de trois mois (une durée courante accordée aux Canadiens dans de nombreux pays) pourrait être un excellent moyen de te plonger dans le mode de vie du nomadisme numérique. (Remarque : la réglementation en matière de visa varie d'un pays à l'autre. Fais donc des recherches pour confirmer la durée, les règles et les restrictions de l'endroit où tu envisages de te rendre. Duh.)

Avant la pandémie, beaucoup de pays se sont fait entendre à mesure que la flotte mondiale de travailleurs à l'étranger s'agrandissait. La Croatie, l'Estonie, Dubai, l'Islande et des tonnes d'autres pays ont introduit des visas qui plaisent aux nomades numériques et qui se situent généralement entre un visa de touriste et un permis vacances-travail (ce dernier étant assorti de limites d'âge). Souvent, ces visas sont valables jusqu'à un an et exigent des preuves de travail et d'hébergement, mais ils te permettent de rester un peu plus longtemps tout en subvenant à tes besoins grâce à ton travail. Ici, au Canada, la Nouvelle-Écosse fait même des efforts pour attirer des nomades numériques qui travaillent mieux devant la brise marine fraîche.

Sailling In Croatia

Place aux négociations

Bien sûr, il est très possible qu'après la large diffusion des vaccins, ton entreprise demande à ses employés de retourner au bureau, en personne. À ce moment-là, la situation devient un jeu de négociations. Si on y pense bien, ils ont déjà eu affaire à toi travaillant hors du bureau pendant plus d’un an... Tu étais déjà obligé de faire fonctionner le système lorsque les circonstances étaient hors du commun... donc toi et ton patron savez tous les deux que c'est déjà possible. Tant que le wifi est solide, Zoom, Slack, Trello et les bons vieux courriels sont toujours aussi fiables qu'ils l'ont été pendant les mois de pandémie, le travail à distance ne devrait pas poser de problème post-pandémie. En plus, lorsqu’il est question de productivité et de performance, chaque travailleur est différent, et le bureau permanent n’est pas l’environnement le plus efficace pour tout le monde. Si tu fais partie de ces travailleurs qui sont plus efficaces à distance, fais-le savoir à tes patrons ! Souviens-toi aussi qu’il y aura toujours d’autres entreprises ou clients qui entendront les mots «nomade numérique» et qui diront «Ah ! Pas de problème ! Envoie-moi des photos, peut-être même que je te visiterai !» Je parle d’expérience ici.

Trouve-toi une auberge qui deviendra ton nouveau chez-toi

Il y a eu une semaine en particulier dans une auberge de Quito avant la pandémie où je respectais mes délais dans le confort d'une table de salle à manger commune. Je venais de passer un certain temps en Colombie et j'avais une semaine à tuer avant de retrouver des amis de la maison. J'avais échéance après échéance, interview après interview pour un article sur lequel je travaillais pour un magazine de tourisme. Chaque jour commençait par un déjeuner avec les backpackers qui séjournaient à l’auberge - un moment de convivialité bien nécessaire pour moi. Toutefois, peut-être que tu n’aimes pas travailler avec d’autres voyageurs. (Trop de distractions, des conversations en arrière-plan ? Non merci !) Voici un petit secret que j'ai appris pendant cette période : les voyageurs partent généralement faire du tourisme après le déjeuner et ne reviennent pas avant le soir. L'espace est presque toujours libre durant la journée !


Prévoir de rester à l’étranger pendant la durée d'un visa de tourisme de trois mois pourrait être un excellent moyen de te plonger dans le mode de vie du nomadisme numérique.

Lorsqu'ils reviennent et que ta journée de travail est terminée, tu as une communauté d'amis avec laquelle tu peux te rendre au bar pour prendre une bière. De plus, le personnel de l'auberge peut te donner toutes les infos sur les activités locales à ajouter à ton calendrier. Tu recevras également des recommandations de restaurants à découvrir pendant les pauses de midi. (Presque tous les après-midi, je prends le temps de flâner dans le centre historique de la ville, en m'arrêtant dans les cafés pour prendre un café et des empanadas. J’en rêve encore !). Durant ces moments, j’ai profité de la lenteur et de la tranquillité des petites rues, tout en profitant d’un après-midi d'écriture de qualité. Lorsque les backpackers sont revenus, nous nous sommes rendus à la brasserie Bandito pour leur IPA, des nachos et bien sûr, de belles discussions.

De nombreuses auberges transforment leurs espaces partagés pour accueillir les nomades numériques qui ont besoin d'un endroit confortable et plutôt calme pour travailler pendant la journée, y compris chez HI Canada, à l'auberge de HI Montréal. YHA Australia met également de l'avant les nombreux avantages pour les nomades numériques dans ses propres auberges de jeunesse.

Nous vivons à une époque où le statu quo (en matière de travail) est remis en question sous tous les angles. Dans le passé, il y avait une ligne définie entre le travail et les voyages. Aujourd'hui, les deux ne sont plus si séparés. Parfois, ça me fait rire de voir qu'il y a cinq ans, tout était question d’être ultra productif. Pendant les pauses café, je faisais défiler les médias sociaux bombardés de titres criant «Hustle Harder» et «Grow Your Side Hustle». Puis, sans surprise, les mots des blogues de carrière étaient rendus «burnout». (How to Know if You're Burnt Out, Ways To Bounce Back from Burnout) Maintenant, il s'agit de prendre soin de soi, d'équilibrer sa vie ou - et voici le plus important - d’en PROFITER. La vie de travailleur à distance offre (pour presque tous) chacun de ces éléments. Je sais de quoi je parle, je le fais depuis trois ans.

En passant, tu te souviens de cette fin de semaine en Équateur que j’ai mentionnée plus haut ? Pendant ce voyage, j’ai travaillé un peu chaque jour. Ouep, j’ai peut-être manqué une randonnée ici et là, mais j’ai quand même eu assez de temps pour profiter de tous les margaritas et toutes les vagues dont j’avais besoin. C’est pas trop mal comme travail, non ?

Cet article fait partie du
Numéro 4

Travail et voyages