Le guide des expressions québécoises
Tsé.
Si t'as appris ton français dans un lycée parisien ou en regardant Moulin Rouge, tu risques d’avoir un léger traumatisme en débarquant au Québec. Oui, on demande parfois aux hommes d’accoucher et on aime bien prendre des brosses le vendredi soir. Non, nous n’avons pas réinventé la reproduction et nos loisirs sont bien plus amusants qu’il n’y paraît. Le français au Québec compte des milliers d’expressions colorées. On te présente les plus courantes, soit celles que tu entendras forcément dans la rue. Ton intégration n'en sera que plus facile.
Quels sont les mots québécois utilisés au quotidien?
1. Pantoute
C'est une contraction de pas du tout! Ça a du sens, non?
2. Envoye
Ne te fie pas aux apparences. Ça se prononce aweille et c'est souvent accompagné d'un ton qui trahit l’impatience. Ça veut dire exactement la même chose que vas-y!
3. Décoller
Décoller signifie partir, et pas seulement qu’en avion. On dit aussi sacrer son camp, mais dis pas ça à ta belle-mère.
4. Embarquer
Celui-là, tu risques de l'entendre souvent. On embarque dans les transports, on n'y monte pas. Ouais, on monte dans n’importe quel moyen de transport… mais rarement dans une barque. Et on n'y descend jamais, on débarque.
5. Char
C'est une automobile. Tout simplement.
6. Chauffer
C'est pas chaud l'hiver, mais c'est pas une raison pour mettre le feu à nos voitures. Chauffer, ça signifie tout simplement conduire. « Embarque dans l'char, c'est moi qui chauffe » veut donc dire « Monte dans la voiture, c’est moi qui conduis. » Ça y est, t'es bilingue.
Quelles sont les expressions québécoises les plus populaires?
Les mots ont leur définition officielle dans le dictionnaire, mais dans le jargon québécois, un mot peut signifier une chose, son contraire ou toute autre chose. Tout dépend de l’intonation employée. Mélangeant? Pas du tout. Il suffit de regarder à qui on parle (et d’écouter) pour tout comprendre.
1. Méchant
Méchant peut faire référence à quelque chose de mauvais, bien entendu, mais avec certaines inflexions de la voix, méchant signifie énormément ou tout autre superlatif indéfini. On l'utilise entre autres dans l’expression méchant pétard!
2. Malade
Malade est utilisé pour faire allusion à quelque chose de complètement fou, de sauté, de génialissime. Il peut aussi faire référence au fait d'être dérangé mentalement ou d'être dangereusement téméraire, comme dans méchant malade! On l’emploie parfois pour parler de quelqu’un qui souffre d’une maladie, mais ça, c’est la définition qu’on aime moins.
3. Écœurant
Selon l’intonation, écœurant peut qualifier quelque chose de dégueulasse et répugnant ou quelque chose de délicieux et génial. M'ouain, on vit nos passions avec intensité.
Quelles sont les expressions québécoises les plus originales?
1. Pousse, mais pousse égal
N’exagère pas trop!
2. Avoir de la misère à…
J'ai de la misère au calvaire. C'est le titre d'une chanson québécoise connue, mais c'est aussi une expression qui signifie avoir beaucoup de mal à.
3. Accouche qu’on baptise
Messieurs, si on vous demande d’accoucher, c’est pas faute d’avoir raté notre biologie élémentaire. C’est parce que vous parlez énormément sans en venir au fait et qu'on a hâte de passer à autre chose. Psst, ça s’applique aussi aux dames, enceintes ou non.
4. Prends ton gaz égal
C'est l'une de nos préférés, celle-là. Elle signifie simplement calme-toi.
5. Dormir au gaz
Être trop calme, au point d’en être absent ou confus. À ceux qui dorment au gaz, on leur demande souvent d’allumer.
6. Prendre une brosse
La légendaire vie nocturne de Montréal. Ouch. Cette expression fait référence à l'action de se soûler. Quelque chose que tu ferais jamais, eh?
Quelles sont les nuances à connaître?
1. Au/du Québec et à/de Québec
On utilise au Québec lorsqu'on fait référence à la province, comme dans « Je vais au Québec pour manger des pommes du Québec. »
On utilise à Québec lorsqu'on parle de la ville, comme dans « Je vais à Québec pour manger une poutine de Québec. » D'ailleurs, il n’y a qu’en anglais qu’on dit Québec City. Aucune confusion possible.
2. Capoter et capoté
Capoter n’est ni un verbe inventé pour enfiler un préservatif ni l’action de faire des tonneaux en voiture. Capoter, c’est être pris d’une joie quasi hystérique « J’ai gagné un million de dollars, je capote! » ou d’une colère quasi hystérique « J’ai perdu un million de dollars, je capote c*lisse! »
Quelque chose de capoté, c’est quelque chose de complètement fou. Que ce soit positif ou négatif.
3. Une frette et le frette
Une frette signifie simplement une bière fraîche, en opposition à une bière tablette qui, vous l’aurez compris, est à température ambiante. D’ailleurs, il est tout à fait normal de transformer nos bières tablettes en frettes, en les sortant quelques minutes dans le frette.
Le frette, c'est ce que tu ressentiras à la mi-janvier lorsque le thermomètre affichera une température de -30 °C. C’est pas du froid, non. C’est du frette.
Tu comprends-tu?
Pour finir, le double emploi du pronom tu (et seulement celui-là) lorsqu'on pose une question est souvent le premier qui intrigue un nouvel arrivant. Eh bien, sache qu'il ne s’agit pas d’un double pronom, mais d’un dérivé de la particule -ti, employée autrefois… en France.
Après avoir lu tout ça, t’es-tu plus mélangé qu’avant? Si oui, tant mieux. C’est l’occasion de venir nous piquer une p'tite jasette parce que je pourrais continuer pendant des pages et des pages.
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Tu débarques au Québec bientôt? Jette un coup d'oeil aux auberges HI de la belle province.